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Le Spiegel - La France à la pointe en Europe

 

 

 

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Le président français est impopulaire, mais il réussit. Ses réformes ont provoqué

l’essor qui fait cruellement défaut en Allemagne.

Une chronique de Michael Sauga - 05.09.2023

 

Une « dynamique remarquable »

 

Peu commenté, le regard sur la France des organisations financières et des entreprises a complètement changé.

 

Le Fonds monétaire international s’attend à ce que le pays connaisse une croissance plus de deux fois plus rapide que celle de l’Allemagne, cette année et l’année prochaine.

 

En France, les entreprises paient l’électricité moins de la moitié de son prix en Allemagne. Et d’années en années, l’Allemagne est à la traîne dans le classement mondial de la compétitivité, tandis que la France ne cesse de grimper.

 

Il n’est donc pas étonnant que les entreprises internationales investissent aujourd’hui beaucoup plus souvent de l’autre côté du Rhin, et ce dans des secteurs qui étaient jusqu’à récemment considérés comme relevant du domaine allemand, comme l’industrie automobile ou la construction mécanique.

 

Le Président français a déclenché une « dynamique remarquable », selon une analyse du cabinet d’audit Ernst & Young, qui peut se résumer en une phrase : la France, meilleure que l'Allemagne (das bessere Deutschland).

 

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, la République fédérale d’Allemagne était considérée comme la première puissance économique incontestée de l’Europe. Après les réformes des années Schröder, la production industrielle, les exportations et l’emploi dans la république réunifiée avaient augmenté si rapidement que les experts parlaient d’un deuxième miracle économique et de l’Allemagne comme hégémonie de l’Europe.

 

Un verdict dont on a tiré des conclusions très différentes à Paris et à Berlin.

 

Le Président français, de son côté, avait immédiatement commencé à administrer à ses compatriotes des médicaments amers mais cicatrisants:

 

-Il a baissé l’impôt sur les sociétés,

-assoupli la protection contre le licenciement

-et dit carrément aux Français qu’ils devraient travailler davantage à l’avenir.

 

Le Président n’a pas seulement annoncé une réforme des retraites, il l’a également fait passer.

 

Sa cote de popularité s’est effondrée, mais l’attractivité française a augmenté.

 

Tout d’un coup, la France est apparue comme un pays où les politiques agissent comme ils parlent.

 

Dans le même temps, le Président a pris l’initiative en Europe, il a déclenché un feu d’artifice de propositions pour plus d’intégration dans l’UE, que la bureaucratie de Berlin a d’abord ignorées avant de les rejoindre avec hésitation.

 

C’est lui qui a nommé Ursula von der Leyen présidente de la Commission Européenne et a appelé à une réponse européenne à la nouvelle ère géo-économique du conflit des superpuissances sino-américaines.

 

Rapidement, à Bruxelles, le concept allemand d’économie sociale de marché s’est effacé devant celui d' « autonomie stratégique ». Un néologisme d'Emmanuel Macron qui ne cachait rien d’autre que la politique industrielle française traditionnelle.

 

L’État doit donner la direction aux entreprises et promouvoir les champions nationaux, comme l’ont rapidement préconisé des responsables politiques allemands comme Pater Altmeier (CDU) et Robert Habeck Verts).

 

En matière d’énergie nucléaire, les Allemands font fausse route

 

Sur le plan de la politique énergétique, la France, en tant que pays nucléaire, a d’abord été irrémédiablement mise à l’écart lorsque, après la catastrophe de Fukushima, presque tout le monde a voulu sortir du nucléaire le plus rapidement possible.

 

Cependant, depuis la guerre en Ukraine notamment, un nombre croissant de capitales européennes calcule différemment : il est tout à fait possible que le vent et le soleil soient les fournisseurs d’énergie les plus sûrs et les moins chers à long terme. Mais dans la phase de transition, il serait insensé de se passer complètement du nucléaire, une source d’électricité fiable et largement nationale, comme l’affirment aujourd’hui d’anciens partisans de son élimination tels que la Suède ou les Pays-Bas.

 

En Europe, Olaf Scholz est maintenant celui qui conduit à contresens, déclarant que l’énergie nucléaire est un « cheval mort », une l’attitude typique de l’ Allemands je-sais-tout, alors que le reste du continent pense autrement.

 

On parle beaucoup de « changement d’époque » (Zeitenwende) à Berlin, mais c’est à Paris qu’elle est conçue.

 

Après que la fermeture brutale du marché américain aux entreprises de l’UE décidée par Joe Biden avec la « loi sur la réduction de l’inflation », Emmanuel Macron a appelé à des contre-mesures immédiates, y compris sous la forme d’une réglementation « Buy European ».

 

L’Allemagne s’y oppose. Cependant, comme la coalition des feux tricolores n’a pas d’alternative à offrir, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que les pouvoirs politiques européens ne suivent également la ligne de Paris sur cette question.

 

À Berlin aussi, on entend déjà dire qu’à l’ère de la démondialisation, un peu de protectionnisme ne peut pas faire de mal.

 

Le rapport de forces économique en Europe est encore clairement réparti. La production économique de l’Allemagne est supérieure de plus de 40 % à celle de la France. Mais l’écart se rétrécit, et cela devrait rester le cas tant que le gouvernement de coalition continuera à s’épuiser en vaines incantations (Gesundbeten).

 

L’Allemagne doit se restructurer, mais le chancelier et ses principaux ministres donnent l’impression que cela peut se faire en quelques coups de pinceau. C’était le message de la toute dernière réunion de la coalition à Meseberg.

 

« La politique commence par l’observation du monde réel. »  

 

La phrase aurait pu venir d'Emmanuel Macron, mais elle vient de Kurt Schumacher, le premier président du SPD de l’après-guerre.

 

 



 

 

 

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02/01/2024
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