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C1 variante 1

 

 

 

 

 

 

 

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Ce qui suit est extrait du premier cours, consacré aux banques et aux marchés. Comprendre le fonctionnement global de ces institutions est une étape essentielle pour la suite.

Pourquoi banques et marchés? Parce qu'ils sont au coeur de l'économie. C'est eux qui donnent vie aux échanges entre les entreprises, les consommateurs et les États. Comprendre comment et pourquoi l'argent circule est nécessaire pour comprendre vraiment l'économie, comprendre la gestion des entreprises, leurs problèmes de financement, comprendre les crises, et suivre l'actualité mondiale. 

 

 

 

 LECTURE  RAPIDE

Les principaux sujets développés dans ce premier cours sont résumés
ci-après (cliquer sur les images)

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Pour les entreprises, aller en BOURSE, c'est comme obtenir un crédit ... qui n'est jamais remboursé! Ce miracle est peu connu. Les médias préfèrent parler de la spéculation,des dividendes, etc...Regarder la bourse du côté  des entreprises est beaucoup plus important!

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L'argent déposé en BANQUE est aussitôt prêté... et pourtant, nous pouvons le retirer quand nous voulons. En coulisse, les banques se prêtent chaque jour leurs excédents sur le marché interbancaire ... un élément capital pour comprendre la fragilité des banques. 
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Très tôt on s'est demandé comment, dans un crédit, substituer  un prêteur à un autre. La solution: plutôt qu'un contrat, faire une reconnaissance de dette au porteur. La notion de titre échangeable était née, les marchés allaient suivre: ACTIONS, OBLIGATIONS.  

  

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BILAN : un outil incroyable permettant de voir immédiatement l'activité et la qualité de gestion de n'importe quelle entreprise, PME, banque, hypermarché ou fonds d'investissement. Sans connaissances comptables! Pour vous en convaincre ... un petit exercice.

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  PLAN DU PREMIER COURS

     

1-BANQUE  FINANCE  ÉCONOMIE Les trois pouvoirs: Banque Centrale, Etat, Marché

2-DEVINER QUI FAIT QUOI  Un exercice pour comprendre l'intérêt du bilan

3-DANS LES COULISSES DES BANQUES Circuits monétaires, banque centrale

4-LE BILAN FACILE (1) Suivre l'évolution d'une start-up 

5-LE CASH-FLOW Qui s'en sert et comment

6- MARCHÉS FINANCIERS Le miracle de la bourse, la notion de titre, les dividendes

  

  


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1-BANQUE FINANCE ÉCONOMIE  schéma global

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Banque, Finance, Économie ces trois sujets forment un tout: il n'y a pas la banque, puis les marchés et plus loin l'économie. Dans le monde réel, ces domaines se mélangent. 

Le survol du système financier permet de visualiser l'environnement de l'entreprise. Ce premier chapitre montre les relations entre les grands acteurs du monde économique. Il fait notamment apparaître le rôle des  marchés, très présents dans le financement de l'économie puisque tous les acteurs y ont recours, les entreprises, les banques et ... les États.  

    

Commençons par une "vue d'hélicoptère" pour situer les marchés dans le monde économique et bancaire. 
 
Ce qui apparaît immédiatement dans le schéma ci-dessous, c'est que les banques n'ont pas le monopole du financement des entreprises. Il faut compter aussi avec les marchés. Ce n'est pas une affaire de "concurrence" ou de substitution, mais de complémentarité.    
 
Trois acteurs indépendants structurent le monde financier:  les États, les Banques et les Marchés.  

 

Les États se préoccupent de la stimulation de l'activité économique, de manière à favoriser l'emploi et la création/redistribution des richesses.  

 

Le système Bancaire, personnifié par les banques et les banques centrales, est au coeur de l'économie en ce qu'il permet la circulation de l'argent et le crédit. Les banques centrales contrôlent également l'inflation.  

 

Les Marchés complètent l'action des banques dans le domaine du recyclage de l'épargne et de la couverture des risques. Par ailleurs, en organisant la libre confrontation de l'offre et de la demande, ils jouent un rôle majeur dans la fixation des prix de toute nature: matières premières, devises, valeur des entreprises, dettes...  

 

 

 

INTRODUCTION 

L'économie, la banque et les marchés sont liés

 

 

 

  

Plus de détails: le système financier (clic)  

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Que retenir ? 

 

D'abord le fait que les marchés financent tout le monde ! Tout le monde, c'est-à-dire les entreprises, les Etats, ... et les banques.

 

Pourquoi cela, pourquoi ce "double" circuit des banques et des marchés? La réponse est  dans leur complémentarité, une notion qui n'est pas évidente à première vue. 

 

Cette notion de complémentarité est développée ci-dessous et reprise dans plusieurs modules du cours.  Elle concerne en effet autant les investisseurs que les entreprises. 

 

Cette présentation laisse aussi dans son sillage de nombreuses questions en suspens, comme par exemple:  

-qu'est-ce que le marché interbancaire?

-pourquoi cette importance des marchés dans le financement de l'économie, alors que le crédit est l'activité principale   des banques?

-pourquoi les banques centrales  ont-elles tant de difficulté à maintenir l'inflation dans des limites étroites, à relancer l'activité   économique, etc ...

-pourquoi le contrôle des banques est-il si important?

-pourquoi, malgré ce contrôle, les risques de crise ne sont pas totalement écartés? 

 

Et une certitude: 

le retard économique de l'Europe par rapport à l'Amérique s'explique principalement par la relative faiblesse du marché des capitaux en Europe. La BCE s'emploie (discrètement) à y remédier. 

     

Ces quelques questions montrent, si besoin était, les liens existant entre les sujets habituellement séparés: banque, finance, économie. 

 

On ne peut pas dissocier l'étude des finances de l'entreprise de l'étude du fonctionnement des banques. L'analyse des logiques de fonctionnement des unes et des autres conduit tout naturellement à comprendre l'étape suivante, la complémentarité des banques et des marchés. Ce sujet est abordé ci-après. 

 

 

 

 

2-DEVINER QUI FAIT QUOI

Avant toutes choses, un petit exercice de ... comptabilité! Oui, la comptabilité n'est pas seulement cette matière jugée austère et réservée aux spécialistes. C'est aussi un outil très utile pour comprendre ce qui se passe dans les entreprises. 

 

Dans ce petit exercice il ne s'agit pas de faire de la comptabilité mais de l'interpréter, et plus précisément d'interpréter des bilans. 

 

Le but est de montrer qu'il est possible de comprendre l'utilité du bilan sans connaissances préalables. N'hésitez-pas à reprendre plusieurs fois les explications. Tout est affaire de bon sens!

 

Trois bilans différents sont donc proposés (plus exactement trois moitiés de bilans). L'exercice consiste à deviner ce qu'ils représentent, à quels types d'entreprises ils correspondent. 

 

Quelles sont les activités des Sociétés A, B et C ?

 

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Mais d'abord quelques explications sur le bilan de départ, le bilan 1.

 

Les rectangles de couleur sont plus ou moins grands selon l'importance des chiffres. Ce sont bien évidemment leurs proportions qui nous mettront sur la piste.   

 

Une précision sur la signification de ces rectangles:  

-IMMOB(ilisations)  représentent la valeur des machines et des bâtiments.  

-STOCKS  représentent des produits finis en attente d'être vendus ou des matières premières.  

-CLIENTS est très important: ce sont les créances de l'entreprise sur ses clients. En clair, des factures émises et que les clients n'ont pas encore payées, parce que l'entreprise leur a fait un crédit de un mois ou plus

-CASH  c'est la caisse (comptes bancaires et liquide)  

 

L'exercice de réflexion commence:

 

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Ce BILAN 1  est celui d'une entreprise "classique". On ne voit que ce qu'elle possède, son actif en langage comptable. 

 

REMARQUE 1 - CETTE ENTREPRISE VEND DES BIENS ET NON PAS DES SERVICES. 

Pourquoi? Parce qu'elle a un poste STOCKS.  

 

REMARQUE 2 - IL EST TRÈS PROBABLE QU'ELLE FABRIQUE LES BIENS QU'ELLE VEND.

Pourquoi? Parce que le poste IMMOBILISATIONS est important. Il y a donc des machines en plus de biens immobiliers. 

 

REMARQUE 3 -  SES CLIENTS SONT DES ENTREPRISES ET NON PAS DES PARTICULIERS.

Pourquoi? Parce qu'elle a un poste CLIENTS important. Les entreprises font rarement crédit aux consommateurs, elles passent par des institutions spécialisées (banques ou sociétés de leasing). 

Le poste clients représente donc un crédit fait à des entreprises clientes. On parle habituellement de "conditions de paiement". En pratique le délai de paiement est de 3 ou 6 mois. En fait c'est un vrai crédit consenti par l'entreprise, qui fait un peu un travail de banquier ... souvent sans le savoir! 

 

CETTE ENTREPRISE EST DANS CE QU'ON APPELLE LE B2B, ABRÉVIATION IMAGÉE DE BUSINESS-TO-BUSINESS. CETTE FORMULE S'OPPOSE A B2C, BUSINESS TO CONSUMER.

 

Voyons le bilan suivant: 

 

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BILAN 2- A GAUCHE UNE AUTRE ENTREPRISE, DONT LA STRUCTURE D'ACTIF EST DIFFÉRENTE, TRÈS DIFFÉRENTE MÊME .... QUELLE EST SON ACTIVITÉ ?  

VOYONS ....

- PEU D'IMMOBILISATIONS, des locaux qui lui appartiennent sans doute

- PAS DE STOCKS, donc elle ne produit pas de biens physiques; c'est une société de services.

- UN ÉNORME POSTE "CLIENTS" 

Cette entreprise de services qui détient un gros volume de crédits CLIENTS, c'est  ............. mais oui .... 

 

  ***RÉPONSE***           

PLUS DIFFICILE: 

 

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QUEL TYPE D'ENTREPRISE PRÉSENTE LE BILAN 3 ?

 

La question est plus difficile car il y a plusieurs solutions possibles. 

VOYONS:

- cette entreprise a des STOCKS, donc elle vend des produits.

- il est peu probable qu'elle les produise car elle a PEU d'IMMOBILISATIONS, donc à priori peu ou pas de machines.

- le plus étrange: un CASH énorme, et peu de CRÉDIT CLIENTS. On pourrait penser qu'elle vend principalement à des clients qui paient comptant. Donc à des particuliers. 

C'est l'hypothèse la plus plausible. 

Donc cette entreprise est vraisemblablement ..... 

 

 ***RÉPONSE***           

 

 

 

3-DANS LES COULISSES DES BANQUES

   

Comment se situe la banque dans la construction du cours

 

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les circuits de l'argent

RÉSUMÉ 

Les banques remplissent trois fonctions de base nécessaires à l'économie: les transferts d'argent, les dépôts et le crédit. Le marché interbancaire permet chaque jour aux banques excédentaires de prêter à celles qui sont en déficit de liquidités. En amont des banques, la banque centrale (ici la BCE, Banque Centrale Européenne) veille à l'alimentation correcte du circuit monétaire et régule le volume des crédits distribués par les banques. La banque centrale joue donc un rôle financier et un rôle économique. L'importance du marché interbancaire et de son bon fonctionnement illustre deux points importants: la fragilité du système bancaire et la solidarité forcée des banques entre elles.

  

Il faut se représenter le système bancaire comme un ensemble de tuyauteries invisibles reliant entre eux tous les acteurs de l'économie. Grâce aux banques, l'argent se déplace dans les circuits sous forme électronique et se concrétise à certains endroits en billets. 

Dans ce système il y a des points d'entrée  et des points de sortie. Les distributeurs de billets installés par centaines dans le paysage urbain sont des points de sortie d'argent, tout comme les fontaines d'autrefois étaient des points de sortie d'eau.       

Les cartes de crédit utilisées dans les distributeurs de billet permettent en outre de faire des paiements directs, sans billets. Légères et mobiles, elles sont d'une grande simplicité d'usage. Leur principal avantage est d'éviter le transport et la manipulation de liasses de billets. Derrière cet instrument de la vie de tous les jours, il y a ce qu'on ne voit pas, mais que l'on peut deviner, le système financier, dont les banques sont des opérateurs de premier plan.  fontaine7.jpg


Pour reprendre l’analogie avec la distribution d’eau, les banques remplissent une double fonction de réservoir et de pompe. Elles stockent et font circuler l’argent nécessaire à l’économie. L'argent tourne. Comme nous pouvons le constater, chaque utilisation de carte de crédit entraîne tôt ou tard la  diminution de notre réserve bancaire. Notre réserve disponible est inscrite dans un compte, lequel est alimenté par un flux d'argent d'origine diverse, le plus souvent un salaire.

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Globalement, la banque gère l’ensemble des dépôts de ses clients. Loin d’être constante, cette masse d'argent fluctue considérablement d’un jour à l’autre, en fonction des besoins des détenteurs de comptes, besoin de paiements, tirage des crédits ou besoins de stockage.

 

l'entraide des banques 

Dans cet exemple, certains flux sont prévisibles, puisque les salaires sont par exemple payés à date fixe. Mais il faut se représenter aussi tous les flux imprévisibles. Ces flux imprévisibles correspondent aux retraits soudains des particuliers ou des entreprises, à la réception des acomptes sur commandes pour une entreprise, aux rappels d’impôt à payer, etc…

 

Les banques font  face chaque jour à cette imprévisibilité des opérations des clients. Elles n’ont donc jamais exactement en caisse l’argent disponible correspondant à leurs besoins. A contrario, elles n’ont jamais l’emploi immédiat des sommes que ceux-ci déposent.

 

Cette situation de fluctuation permanente des excédents de ressources ou des besoins de ressources est encore amplifiée par le phénomène du crédit. L'argent prêté par la banque à certains clients  provient des dépôts et de l'épargne des autres clients. Cet argent disponible permet d'accorder des crédits, mais il est bloqué pour longtemps. 

 

En fin de journée, au moment de faire leurs comptes pourrait-on dire, chaque banque se retrouve donc soit avec un excès d’argent disponible, soit au contraire avec un manque.

  

le marché interbancaire 

C’est ici qu’intervient un élément capital, invisible, mais indispensable au bon fonctionnement du monde bancaire. La complémentarité des besoins d’une banque à l’autre a en effet donné naissance à un système de solidarité et de facilités mutuelles. C’est le marché interbancaire, compartiment du marché monétaire (les deux termes sont souvent confondus).

 

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Sur le marché interbancaire, les banques se prêtent entre elles chaque jour des sommes considérables. Ces échanges ne sont pas improvisés et font au contraire l’objet de règles rigoureuses.    

 

Au jour J 

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Au jour j+1 

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Grâce au marché interbancaire, les banques qui ont des besoins importants savent qu'elles peuvent compter sur d'autres banques pour les couvrir. Il en est de même de celles qui ont des excédents, et qui sont assurées que cet argent disponible ne "dormira" pas, mais au contraire leur rapportera des intérêts. Une banque peut être emprunteuse un jour et prêteuse le lendemain, ce qu’illustre le schéma ci-dessus.  

 

Une précision technique qui ne change rien à cet état de fait: les banques ont d'autant plus besoin du crédit interbancaire qu'elles pratiquent ce que l'on appelle la transformation. Résumé d'une phrase, les banques empruntent court et prêtent long.

 

 

Pourquoi ? Pour profiter de l'écart de taux entre le court terme et le long terme. Cet écart est en leur faveur, sauf situation exceptionnelle d'inversion de la courbe des taux. La contrepartie du risque pris est un supplément de rentabilité. Conséquence: à chaque fin de prêt court terme, la banque rembourse en souscrivant un nouveau prêt court terme de même montant et ainsi de suite jusqu'au remboursement définitif du crédit consenti au client. Cela explique la très grande activité et la très grande importance du bon fonctionnement du marché interbancaire. 

  

illustration 

A tout moment, une banque peut être à la fois emprunteuse et prêteuse sur le marché interbancaire. La raison en est qu'il s'agit d'emprunts et prêts de durées différentes. 

 

Ceci peut être observé dans le rapports annuels des banques, visibles sur internet. La terminologie d'usage dans ces rapports est "Prêts et avances sur les Etablissements de Crédit", ou "Dettes envers les Etablissements de crédit".  

 

A noter que ces montants n'ont rien d'immuables, comme cela a été dit. Les valeurs indiquées correspondent à la date du rapport, soit le 31 décembre de l'année pour le rapport annuel. 

 

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CRISE : imaginez une seconde que pour une raison ou une autre, le marché interbancaire soit bloqué. Des banques parfaitement saines feraient faillite faute de ressources immédiates. Le mécanisme toucherait par cascade un grand nombre de banques... Impossible ? Pas du tout, nous avons frôlé cette situation en 2008, dans le contexte des subprimes.... 

 

la banque centrale vérifie les niveaux

Le système décrit est idéal en ce qu’il suppose que les excédents d’une partie des banques couvrent exactement les besoins des autres. La réalité est un peu différente. Et même très différente si l’on pense au crédit. Le système est alors susceptible d’être déficitaire, si les crédits distribués à un moment donnés dépassent l’épargne disponible. 

 

C’est alors que la banque centrale intervient pour faire l’appoint, pourrait-on dire. Cet appoint se fait en volume et en TAUX.

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En fait, la banque centrale ne se limite pas à ce rôle de contrôleur qui se contente de vérifier la bonne alimentation du système en liquidité. 

 

Elle peut agir aussi de son propre chef et décider soit de "sur-alimenter" les circuits, soit au contraire de retirer une partie des liquidités des circuits bancaires. Dans le premier cas, le but recherché est de faciliter le crédit. Elle peut alors choisir aussi de baisser les taux d'intérêts, de moduler les taux en fonctions des durées, donc piloter de manière précise la distribution du crédit à l'économie. 

 

Dans le deuxième cas, son objectif est au contraire de limiter les crédits à l'économie, de manière à éviter une surchauffe et à lutter contre l'inflation. 

  

quizz:  vrai ou faux ?

a-   Les banques accordent des crédits à hauteur des dépôts des clients, sans plus.

b-   Les marchés sont une alternative au crédit bancaire pour financer les entreprises.

c-   Les banques ne pourraient pas fonctionner sans la banque centrale

d-   Les banques peuvent poser un problème d'ordre public.

e-   La Bank of Cyprus (Chypre) a perdu en 2013 l'argent des actionnaires et des clients.

f-    Seules les banques mal gérées empruntent sur le marché interbancaire 

g-   Le blocage du marché interbancaire entraîne la faillite des banques

h-   Qu'est-ce qui peut provoquer ce qu'on appelle "la ruée sur les guichets" ? 

 L'important bien sûr n'est pas la réponse proprement dite, mais la réflexion suggérée par les questions. 

Voir  le  CORRIGÉ  du quizz. 

 

En résumé, les banques remplissent trois fonctions de base nécessaires à l'économie: les transferts, les dépôts et le crédit.

 

 

Le marché monétaire  permet aux banques excédentaires de prêter à celles qui sont au contraire en déficit de liquidités. 

 

En amont des banques, la banque centrale veille à l'alimentation correcte du circuit monétaire et régule le volume des crédits distribués par les banques. La banque centrale joue donc un rôle financier et un rôle économique.

 

Nous reviendrons sur ces notions dans le module consacré au décryptage de l'actualité. Mais auparavant, il n'est pas inutile de faire un détour par la comptabilité pour une première découverte du bilan. Pourquoi ? Parce que le bilan dit tout ou presque de l'activité d'une entreprise ou d'une banque. C'est l'outil le plus simple, le plus imagé et le plus utile pour comprendre comment une entité est gérée.

 

 

4- LE BILAN FACILE start-up
compta 3.jpg Ce qui suit est une initiation au bilan, pas un cours de comptabilité. Comme vous allez vous en rendre compte, comprendre la construction d'un bilan ouvre des portes insoupçonnées, et surtout, c'est possible sans connaissances préalables. Le bilan est considéré ici comme un langage descriptif... un langage universel, qui obéit à des règles simples. Hommage à ses inventeurs, et notamment aux banquiers italiens du XVème siècle à qui l'on doit (presque) tout ! 

RÉSUMÉ

Avoir en tête les grandes masses du BILAN est un MUST pour comprendre énormément de choses, au delà-même du domaine de l'entrepriseC'est un must pour comprendre les problèmes de gestion des banques. C'est un must pour comprendre comment les fonds et les hedge funds sont construits. Pour comprendre les enjeux de la réglementation bancaire ou l'impact des décisions de la BCE. 

 

Oui, les banques et la BCE! Quand on a compris comment est construit un bilan d'entreprise, on fait d'une pierre deux coups, car il est très facile ensuite de passer au bilan d'une banque ou de n'importe quelle structure.

 

Les deux piliers de la comptabilité sont le bilan et le compte d'exploitation, ce dernier étant aussi appelé compte de résultats. Dans ce cours, nous commençons par le bilan. Il est important de comprendre sa philosophie, comment il est construit, son utilité. Pour cela, nous allons suivre pas-à-pas la création d'une start-up. Son bilan, établi progressivement, va faire apparaître les différents problèmes qu'elle va rencontrer tout au long de de son développement .  

   

structure du bilan

Les chiffres sont froids et ne "parlent" pas. Pour les représenter, nous allons utiliser aussi souvent que possible des symboles simples, des rectangles, dont la surface symbolisera les montants. Ce qui compte en effet dans un bilan, ce sont les valeurs relatives des postes.

 
 

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colonne de droite: le passif 

Un élément est plus important que tous les autres, c'est le créditSans crédit, pas d'entreprise, pas de vie économique. Le crédit et la mise de départ des actionnaires, voilà les ressources utilisées par l'entreprise. 

 

Notons que ce "crédit" représente l'ensemble des crédits dont bénéficie l'entreprise: le crédit bancaire (le crédit proprement dit et le découvert), les obligations émises par l'entreprise, qui sont une autre forme de crédit et le crédit consenti par les fournisseurs. Le crédit fournisseur et le découvert varient en permanence. 

 

A noter qu'il y a une différence entre "découvert" et "crédit bancaire", même s'il s'agit dans les deux cas de crédits accordés par la banque. Par convention le "crédit bancaire" est supérieur à un an. C'est un crédit classique, remboursé sur une durée fixée d'avance. Le découvert est plus souple: son montant évolue chaque jour, il est parfois nul, ponctuellement. Il peut être révoqué à court terme par le banquier. Nous verrons au fil du cours l'intérêt de cette distinction. 

 

L'argent des actionnaires - le capital - varie moins souvent. Une fois par an en fait, au gré  des décisions des actionnaires de laisser ou pas les bénéfices dans l'entreprise. S'il s'agit de pertes, celles-ci diminuent d'autant le capital.

 

La coutume veut qu'on place le capital en haut. On met en haut du bilan ce qui ne "bouge" pas beaucoup dans la durée. A gauche comme à droite.

 

colonne de gauche, l'actif

Voyons à présent ce que l'entreprise a fait des ressources qui lui ont été prêtées (crédit) ou qui lui ont été mises à disposition (capital). Ce qu'on appelle les emplois. 

 

Le premier poste s'appelle "immobilisations" (en anglais assets) Il désigne l'immobilier dont l'entreprise aest propriétaire et  de façon plus générale les investissements lourds, les machines de productions, les véhicules, etc... 

 

Le poste suivant désigne les stocks, stocks de produits finis prêts à la vente, ou de produits en cours de fabrication ou enfin matières premières.   

 

Viennent ensuite, après la vente, les factures émises et non réglées. C'est un poste important car les factures au comptant sont rares. 

 

Par habitude, dans le monde entier, les entreprises B2B s'accordent entre elles des facilités de paiement. Ce n'est rien d'autre que du crédit. On l'appelle "crédit clients" ou encore "effets-à-recevoir" ou "clients". En anglais la terminologie la plus courante est accounts receivable ou receivables. 

 

Il faut remarquer que ce crédit systématique des entreprises entre elles est une activité ... bancaire. Ce crédit qui peut aller jusqu'à 90 jours doit être géré de façon professionnelle, exactement comme le ferait une banque, avec rigueur et sens commercial. Beaucoup d'entreprises négligent cet aspect des choses et confient la gestion du poste "clients" à la comptabilité. 

Il faut remarquer aussi que l'entreprise bénéficie du crédit de ses fournisseur. Les entreprises sont donc reliées entre elles par des chaines de crédits, crédit accordés et crédits reçus. C'est important sur le plan macro-économique: si un client est défaillant, cela peut entraîner l'incapacité pour l'entreprise de payer ses fournisseurs, d'où une réaction en chaîne, une forme de risque systémique.  

Les banquiers sont très attentifs à la manière dont les clients gèrent ce poste clients.

  

Il y a enfin la "caisse". On regroupe ici tout l'argent disponible immédiatement ou à très court terme (moins d'un an). Comme on l'a vu plus haut, c'est l'argent en  caisse proprement dite, le solde des comptes courants, les placements aisément négociables, comme les bons du trésor. On appelle aussi ce poste "trésorerie" ou "disponibilités". 

 

Dans la vraie vie, pourrait-on dire, on ne fait pas un bilan chaque jour. Pour faire un "vrai" bilan une entreprise choisit une date convenue, et fait comme si elle s'arrêtait de vendre, d'acheter, de payer des salaires, de rembourser des crédits, etc... 

 

Où l'entreprise en est-elle ?  Quels sont ses avoirs en caisse, combien reste-t-il à payer aux banques, quel est le stock d'invendus, le volume des factures encore non réglées, etc ... 

C'est littéralement le cas dans toutes les entreprises, petites ou grandes. "Fermé pour cause d'inventaire". On imagine le travail nécessaire pour établir le bilan annuel d'une multinationale. L'un des exercices proposés dans le cours consiste à faire un bilan personnel. Bonne manière de percevoir l'ampleur de la tâche. 

Le bilan exprime ce qu'a l'entreprise et ce qu'elle doit à un moment donné. Le compte d'exploitation montrera comment les revenu s'est constitué et quelles dépenses sont survenues.       

  

bilan d'une start-up

L'exemple choisi est celui de deux amis qui décident de créer une petite entreprise d'achats-vente d'ordinateurs d'occasion.

 

Il est recommandé de ne pas chercher à lire ce qui suit en une seule fois, mais de regarder d'abord attentivement ce qui se passe de l'étape 1 à l'étape 3 et, crayon en main, de refaire les schémas. Et d'attendre quelques jours avant de recommencer, en ajoutant une ou deux étapes supplémentaires. Comme indiqué en introduction, ce qui est enseigné ici est un langage. Un langage limité certes, mais un langage quand même, ce qui demande un certain apprentissage.  

 

Pour expliquer la construction du bilan nous allons prendre l'analogie de la commode:

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Cette commode comporte deux colonnes de tiroirs, une gauche et une droite. Les tiroirs de droite s'appellent, en ordre descendant, capital, crédit, dettes. Ceux de gauche sont appelés investissements, clients ("argent dû" par des tiers) et caisse. 

 

Pour se rendre compte de l'intérêt de cette image et des tiroirs, prenons l'exemple de deux amis qui décident de créer une petite entreprise de travail graphique et d'achats-vente d'ordinateurs d'occasion. 

 

00 b1.JPG  LES  ASSOCIÉS  VERSENT  LEUR  PART  DANS LA SOCIÉTÉ

 

Chacun met 1000 euros dans l'affaire, en liquide. Le tiroir "caisse" contient ce premier versement, soit 2000 euros. Plus tard, on va puiser dans cette caisse pour faire des achats, et, il faut l'espérer, encaisser des ventes. 

 

Pour s'y retrouver, il faut bien noter quelque part le montant de la mise initiale des deux associés. C'est à cela que sert le tiroir "capital". Dedans il n'y a pas d'argent, mais deux papiers indiquant seulement qui a versé quoi initialement. 

 

Le schéma symbolique ci-dessous représente l'état de la commode 

(cliquer sur l'image pour l'agrandir) 

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Total colonne de gauche: 2000 euros  - colonne de droite:  2000 euros 

 

Voilà, nous avons passé nos premières écritures !  

 

00 b2.JPG  ACHAT  D'UN  ORDINATEUR  POUR LA  GESTION

 

Les deux amis achètent un premier ordinateur de 1500 euros. La caisse va baisser du même montant, mais l'entreprise possède à présent un ordinateur. Pour faire état de cette acquisition, on place la facture (payée) dans le tiroir supérieur gauche. 

 

La nouvelle physionomie de la commode est donc comme suit: 

 

 

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Total colonne de gauche: 2000 euros - colonne de droite: 2000 euros  

 

00 b3.JPG  DE  NOUVELLES RESSOURCES SONT  NÉCESSAIRES

 

Un ordinateur, c'est insuffisant. Par ailleurs il faut pouvoir acheter les ordinateurs d'occasion qui se présenteront. De nouvelles ressources sont nécessaires. Un ami de la famille est disposé à mettre 5 000 euros dans leur affaire. 

 

Les deux amis réfléchissent: quel statut donner à cet ami, actionnaire ou prêteur ? S'il devient actionnaire, ses

5000 euros lui donneront la majorité et le pouvoir de décider seul ou presque. S'il prête les 5000 euros, il faudra commencer à le rembourser alors que l'entreprise n'aura peut-être pas fait de ventes. Ils décident donc une solution moyenne: un prêt de 3500 euros et l'achat d'une part de 1500 euros.  

 

Le versement global du nouveau partenaire, soit 5000 euros vient dans la caisse qui passe donc à 5500 euros. En ce qui concerne la colonne de droite, le tiroir capital augmente de 1500 euros, soit la part de Mr zzz.  

 

Un nouveau tiroir est créé, intitulé "crédit". On place dedans le contrat de prêt des 3500 euros, souscrit entre l'entreprise et le même M zzz. 

 

Le bilan "commode" devient le suivant: 

 

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 Total colonne de gauche: 7000 euros - colonne de droite: 7000 euros  

 

Avant de poursuivre, une remarque. Ce qui se déroule sous vos yeux est une séquence de ce qui s'appelle la comptabilité en partie double. Pourquoi double? Parce ce qu'un flux financier est toujours identifié par un point d'origine et un point d'aboutissement. 

 

Je verse x euros en capital, donc je modifie le poste "capital". cet argent se retrouve en caisse, donc le contenu de "caisse" augmente. Et ainsi de suite.

L'avantage ? On voit tout de suite ce que l'entreprise DOIT, c'est la colonne de droite. Et ce qu'elle a fait de cet argent, son EMPLOI, est à gauche.

Comment faisait-on avant l'invention du bilan et de la comptabilité en partie double ? On écrivait tout à la suite. Date, opération, montant. Imaginez la fin du mois: cent, mille écritures qu'il fallait regrouper pour s'y retrouver. 

 

 

suite...

 

En résumé,  le bilan est à chaque instant la photographie à l'instant t des avoirs et des dettes de l'entreprise. Il change donc au fur et à mesure des transactions.

 

Le bilan est une manière condensée de décrire les choses il ne dit pas tout. Difficile de savoir comment le bénéfice de 200 euros a été généré si l'on s'en tient au dernier bilan.

 

Deux bilans consécutifs ne disent pas tout ce qui s'est passé entre-temps, seulement l'impact global sur les comptes. Pour en avoir  le détail, il faudra regarder le compte d'exploitation.

 

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Le bilan est un formidable outil descriptif de l'activité des entreprises et des banques. Un coup d'oeil renseigne sur les forces et les points faibles. Un coup d'oeil ! 

 

On voit tout de suite ce qui différencie les entreprises, les banques. Les déséquilibres financiers, les problèmes de réglementation bancaire. On voit tout de suite ce que "fait" un hedge fund ou une société d'investissement. 

 

 

 

5-LE CASH-FLOW

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Cette notion intéresse en priorité les spécialistes de l'analyse des rapports annuels des sociétés, dans les banques de crédit. Elle intéresse aussi les banques d'affaires, car l'analyse des cash-flows futurs est l'une des méthodes de valorisation des entreprises. Chaque banque a un peu sa méthode pour calculer le cash-flow. Pour une raison curieuse, ce terme a acquis une certaine notoriété en dehors des cercles de spécialistes. 

La notion de cash-flow n'est hélas pas très intuitive. Le cash-flow ce n'est pas du cash dans la caisse de l'entreprise comme le vocabulaire pourrait le faire croire. Ce n'est pas non plus le bénéfice, même si le bénéfice en fait partie. Par ailleurs, l'absence de codification internationale précise ajoute à la difficulté de compréhension.

 

Pour une raison curieuse, ce terme a acquis une certaine notoriété en dehors des cercles de spécialistes. Il se trouve aussi qu'il a gâché - et gâche encore -  la vie de nombreux étudiants en "business", et ce pour plusieurs raisons. 

 

La première est que la définition scolaire  cash-flow = bénéfice net plus amortissement  tient souvent lieu d'explication pédagogique. Or pour bien comprendre, il faut avoir à l'esprit ce que l'amortissement a de particulier, et pourquoi on l'ajoute au bénéfice. Calculé ainsi, le cash-flow est un indicateur précieux pour mesurer la vraie rentabilité de l'entreprise. Il y a des variantes de calcul, comme le cash-flow "libre" ou l'ebitda, mais pour y voir clair, il faut avant tout saisir le sens de la première formule. 

 

La deuxième raison est qu'il existe DEUX DÉFINITIONS DU CASH-FLOW. La première, donc, mesure la rentabilité.  L'autre définition, utilisée dans les rapports annuels, concerne l'analyse des flux de trésorerie. On voit comment sur une année, la trésorerie a évolué. Avec un peu d'habitude, on voit comment l'entreprise gère son "bas de bilan". En clair, comment elle répond au besoin de trésorerie de son activité. Le banquier y est naturellement très, très attentif. 

Une confusion est créée du fait qu'en anglais, le mot cash-flow et le mot trésorerie sont utilisés indifféremment pour parler ... de la situation de trésorerie.  

 

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Le même mot désigne donc soit une mesure de la rentabilité, et se réfère donc au compte d'exploitation, soit une analyse de la liquidité, qui se réfère au bilan. Or ce sont deux choses différentes, même s'il y a un lien: une entreprise qui fait des pertes répétées aura fatalement un problème de trésorerie. Cette trésorerie résulte d'éléments commerciaux et non-commerciaux, comme l'encaissement d'un crédit par exemple. 

 

Il existe en fait une troisième définition: le mot cash-flow peut aussi désigner tout simplement un flux d'argent sans contexte particulier. Par exemple, une obligation ou un crédit sont analysés en termes financiers comme des suites de paiements échelonnés dans le temps. Ces paiements sont appelés des cash-flows, des flux positifs ou négatifs. On parle ainsi de cash-flows actualisés pour évaluer la valeur d'une entreprise. 

 

Les rapports annuels parlent aussi du free cash-flow  défini comme the money firms generate after capital investment has been subtracted. Ce qui se traduit par la formule suivante: free cash-flow= Cash-flow au sens 'Résultat net + amortissement' - Investissements réels. Pour bien la comprendre, il faut se remettre à l'esprit que l'amortissement est une sorte de réserve théorique pour l'investissement. Ce qui reste de cette réserve théorique, après déduction de l'investissement réel, s'ajoute au résultat net pour définir le free cash-flow, c'est à dire l'argent gagné par l'entreprise et réellement disponible... pour la distribution d'éventuels dividendes.  

 

La notion de cash-flow est une étape pour comprendre des sujets plus généraux: comment les banques (ou les agences de notation) s'y prennent pour mesurer la qualité de signature des emprunteurs, comment les banques d'affaires évaluent la valeur des entreprises et ... comment il faut négocier les crédits avec  les banques. Le chef d'entreprise se doit d'anticiper le raisonnement des banques de son "tour de table".

  

principe du cash-flow 

Le concept de cash-flow répond à une question simple : quelle est la "vraie" marge créée par une entreprise? Qu'est-ce que cette entreprise gagne vraiment ?


La réponse à cette question n'est pas évidente. Le premier réflexe est de se référer au résultat net tel qu'il ressort de la comptabilité. Ce résultat comptable a le mérite d'exister et d'être publié. C'est d'ailleurs la référence du calcul de l'impôt et des dividendes. Mais ce n'est pas si simple.


Le problème est qu'il n'est pas un bon indicateur de la rentabilité, car il y a des éléments qui "perturbent" son calcul. C'est le cas des provisions et surtout de l'amortissement, qui ne représente pas une dépense réelle, mais qui peut le devenir, lorsque l'entreprise change son matériel.

 

Pour permettre d'apprécier pleinement la performance d'une entreprise, ou pour comparer des entreprises entre elles, on a donc recours au cash-flow qui est un bénéfice net retraité, c'est-à-dire calculé comme s'il n'y avait pas d'amortissement. 

Comme indiqué en préambule, il existe aussi ce qu'on appelle le cash-flow libre, obtenu en soustrayant du cash-flow les dépenses nécessaires à la maintenance de l'appareil de production en bon état et les remboursements de prêts. Le cash-flow libre indique donc le surplus vraiment disponible  .... pour payer les dividendes par exemple. Cette information intéresse en priorité les détenteurs d'actions et les banquiers sollicités pour de nouveaux crédits.

 

A noter enfin qu'il existe une autre interprétation du cash-flow, au sens de l'analyse de la trésorerie de l'entreprise sur une période donnée. 

 

Derrière tout cela, un fait certain: la comptabilité est un outil incomparable pour analyser ce qui se passe dans une entreprise ou dans une banque, sauf sur deux points particuliers, la rentabilité et la trésorerie. Il a donc fallu inventer des concepts nouveaux, malheureusement susceptibles de nombreuses variations.  

  

calcul du cash-flow 

Voici la première définition du cash-flow. C'est la plus courante, celle qui est par exemple enseignée aux étudiants des  business schools et utilisée par les analystes de crédit.  

 

CASH-FLOW   =  

BÉNÉFICE   +   AMORTISSEMENT

  

Cette formule est plus "parlante" si l'on regarde la place de l'amortissement dans la séquence de calcul du bénéfice: 

 

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Comme le schéma le suggère, on a en quelque sorte extrait l'amortissement  de l'ensemble des dépenses pour ne faire apparaître que les "vraies" dépenses. Si l'on fait un nouveau calcul  du résultat avec seulement ces VRAIES DÉPENSES , on obtient le cash-flow. 

 

Il  y a donc deux manières de calculer le cash-flow : 

 

 de  HAUT en BAS :                 CASH-FLOW  =  VENTES  -  "VRAIES"  DÉPENSES         
 de  BAS EN HAUT:                CASH-FLOW  =  BÉNÉFICE  +  AMORTISSEMENT

  

Ainsi, ajouter l'amortissement au bénéfice, c'est la même chose que ne pas le retrancher des ventes. Dans les deux cas on a considéré que l'amortissement n'était pas une dépense comme les autres, ce n'est pas une dépense opérationnelle.  

 

Avant d'examiner pourquoi l'amortissement n'est pas considéré comme une "vraie" dépense, voyons la deuxième définition du cash-flow, consistant à tenir compte aussi des provisions comptables.   

 

 

CASH-FLOW   =  

BÉNÉFICE   +   AMORTISSEMENT + PROVISIONS 

 

 

Ces deux définitions du cash-flow  peuvent être illustrées comme suit: 

  

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Pour simplifier, nous ne parlons que du premier cash-flow dans cet extrait.  Le point central est en effet la notion d'amortissement. 

 

La raison d'être du  cash-flow est donc que le bénéfice comptable de l'entreprise ne rend pas vraiment compte de sa rentabilité. Le cash-flow résulte d'un recalcul de ce bénéfice.

 

notion d'amortissement

Le bénéfice, tout le monde "voit" ce que c'est, mais l'amortissement, c'est moins clair. Pour comprendre il faut  faire une incursion dans la comptabilité.  

L'amortissement est un drôle de concept, c'est un concept flou. Plus précisément, son calcul est flou dans l'univers rigoureux de la comptabilité. Il y a d'ailleurs d'autres concepts de même nature (comme les provisions évoquées ci-dessus). 

 

Cet aspect des choses n'est pas explicité aux étudiants. Le discours convenu et l 'usage comptable indiquent que l'amortissement est lié à la durée de vie, donc à l'obsolescence des investissements. Sauf que personne n'est capable de déterminer cette durée de vie avec exactitude. 

 

Pour expliquer l'origine de l'amortissement, un petit détour. Tout le monde comprend que le bénéfice est grosso modo  la différence entre les revenus et les coûts. Le bénéfice du boulanger, par exemple, est ce qui reste quand on retire du produit des ventes de pain les dépenses liées à cette activité, l'achat de farine, le salaire de la vendeuse, l'électricité, etc... 

 

Mais supposons qu'un jour le boulanger décide de changer son four. Grosse dépense, énorme dépense même, susceptible de bouleverser le calcul de son bénéfice.  Ce bénéfice va fortement diminuer, peut-être se transformer en perte l'année de l'achat, même si les ventes de pain connaissent un bel essor. Donc le bénéfice calculé de cette manière ne rendrait plus compte de la performance économique.

 

Pour se rapprocher de la réalité "économique", "on" a eu l'idée d'étaler la dépense d'investissement dans le temps. Plutôt que la considérer en totalité, cette dépense est fractionnée sur plusieurs années successives. Et pour rendre comparables les calculs de bénéfices, on a défini des durées-types par catégories d'investissements. Le critère retenu a été celui de la durée de vie estimée des investissements concernés. On" c'était les associations de normalisation comptables. Le fisc s'en est mêlé, puisque l'étalement change le calcul de l'impôt annuel sur les bénéfices.

Résultat: une mesure de bon sens, mais des interprétations multiples. Ceci explique pourquoi la plupart des entreprises ont au moins deux comptabilités, une comptabilité disons "économique" et une comptabilité fiscale. Le but n'est pas le secret ou la fraude. Cela résulte simplement des différences d'interprétations de certains concepts - par exemple l'amortissement - entre l'administration fiscale et les normes comptables. Quand on sait que les normes ne sont pas encore harmonisées au plan fiscal et que chaque fisc a ses "particularités", on imagine le casse-tête des auditeurs chargés de faire les états consolidés d'une multinationale...

 

 

Le cash flow rend compte de la rentabilité de l'activité indépendamment des dépenses d'investissement. Le cash-flow mesure le muscle de l'entreprise. 

 

L'investissement et son financement ont bien sûr affecté les finances - on dit la liquidité - de l'entreprise, mais pas la mesure de sa rentabilité (au détail près des intérêts du crédit, si crédit il y a pour financer l'investissement). Les changements de liquidité sont perceptibles dans le bilan de l'entreprise, pas dans le compte d'exploitation.........

 

utilité banques et investisseurs

 Le cash-flow est utile pour évaluer la rentabilité et la valeur des entreprises.  

 

Cet élément dérivé de la comptabilité intéresse donc au premier chef les banquiers qui prêtent,  les agences de notation et les banquiers d'affaires impliqués dans les opérations en capital: ventes d'entreprises, introduction en bourse, fusions, etc...

  

Les banquiers qui prêtent, et les Agences de Notation, utilisent les ratios de Cash-Flow, comme par exemple le ratio Cash-Flow / Chiffre d'Affaires, mais ce n'est qu'un ratio parmi d'autres. L'analyse de risque est une discipline qui demande une technique rigoureuse, bien-sûr, mais aussi la capacité de jugement. Et cette capacité de jugement s'acquiert avec l'expérience. Un peu comme le médecin qui se doit d'ajouter un "vécu" à ses connaissances théoriques.  

 

Les banquiers d'affaires et les sociétés de conseil utilisent la très populaire méthode dite des Cash-Flows Actualisés - Discounted Cash-Flows - qui est l'une des méthodes d'évaluation de la valeur d'une entreprise. Cette méthode consiste à simuler le compte de pertes et profits sur une longue période, disons 10 ou 15 ans. Donc à estimer pour chaque année les différents éléments du calcul du bénéfice: les ventes, les dépenses de production, les intérêts de la dette et ... le cash-flow.  

 

On additionne ensuite tous les cash-flows annuels en tenant compte de l'actualisation. En effet, 100€ dans 10 ans n'ont pas la même valeur que 100€ aujourd'hui. 100€ dans 10 ans valent 100€/(1+i)**10, avec i égal au taux d'actualisation, souvent considéré comme le taux d'intérêt estimé sur la période ( (1+i)**10 signifie (1 i) puissance 10). 

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La méthode séduit les "matheux" pour sa simplicité. La valeur actuelle des cash-flows futurs annuels donne une indication de la valeur d'entreprise. La méthode présente néanmoins de sérieuses limites: on ne peut pas vraiment prédire les ventes et les coûts d'une entreprise dans dix ans, de même pour le taux d'intérêt i utilisé pour l'actualisation, qui en réalité n'est jamais constant sur une telle période. Ces mêmes-matheux ont eu l'idée de pondérer les estimations des cash-flows annuels par des coefficients de probabilité statistique. Le résultat se présente alors sous forme de plusieurs valeurs actuelles affectées chacune d'une probabilité statistique. 

 

Si on peut émettre des doutes sur la capacité de la méthode à déterminer la valeur d'une entreprise, elle est néanmoins utile pour les comparaisons des entreprises entre elles. En appliquant la même méthode avec les mêmes hypothèses de taux d'actualisation à deux entreprises du même secteur, on peut avoir une bonne idée de leur valeur relative. 

 

En pratique la méthode est utilisée conjointement avec d'autres. La valeur comptable en est une autre, de même que la valeur en bourse, ou la valeur actualisée des dividendes. 

 

Comme toujours, en matière de prix, le "vrai" prix est celui qui est effectivement payé à un moment donné par un acheteur. 

 

ebitda,  cash-flow et  free cash-flow

 

L' ebitda  (earning before interest, tax, depreciation  and amortization ) est un concept proche du cash-flow qui ne tient pas compte des intérêts payés. Il est notamment utilisé pour la valorisation des entreprises, avant une introduction en bourse par exemple. Cela dit,  il présente des variations de calcul d'une banque à l'autre. ... 

 

Le free cash-flow intéresse particulièrement les banquiers sollicités pour de nouveaux crédits et les actionnaires, car il mesure l'argent réellement disponible pour rembourser de nouveaux emprunts et payer des dividendes. Pour le calculer, on tient compte des dépenses "nécessaires" pour maintenir en l'état l'appareil de production. Le free cash flow est inférieur au cash-flow. En pratique, ce free cash-flow est calculé par l'entreprise elle-même, et il est mentionné dans son rapport annuel. 

 

cash-flow et négociation

 

Comme cela a été dit, le cash-flow est principalement utilisé pour le calcul de ratios dans le cadre de l'analyse de risque ou pour le calcul de la valeur d'une entreprise. On est alors dans le domaine de l'incertain, de l'estimation et surtout de la négociation.  

 

Les analystes de crédit s'efforcent de déterminer le "vrai" risque d'une entreprise, ce qui est évidemment impossible à mesurer. Pour donner à cette mesure une apparence d'objectivité, on va utiliser les mêmes critères, les mêmes ratios d'une entreprise à l'autre. "Telle société a les mêmes paramètres que telle autre société du même secteur évaluée auparavant et notée Triple A. Nous lui attribuons la même notation Triple A ". L'accumulation des données sur de longues périodes permet aux Agences d'affiner les mesures et de réduire la marge d'erreur, mais sans jamais l'annuler. 

 

On peut imaginer par ailleurs les batailles de banquiers conseils d'entreprises en pourparler dans une opération de fusion-acquisitions. Les uns vont essayer de minimiser la valeur de l'entreprise, les autres de maximiser cette valeur. Les calculs et re-calculs de cash-flows "corrigés" ou pas de certaines provisions,  sont l'une des armes de ces négociations. 

 

zones de flou  rentabilité, bfr et trésorerie

Le cash-flow a été présenté jusqu'ici comme un instrument de mesure de la rentabilité. Comme indiqué en introduction, il existe une autre interprétation  au sens des flux financiers, et de l'analyse de la trésorerie. 

 

Cette interprétation ne contredit pas vraiment la précédente mais elle risque de semer le trouble. Dans cette lecture, il est considéré que l'activité de l'entreprise génère progressivement un flux de liquidités tout au long de l'année. Ce flux n'apparaît pas dans la comptabilité car il est disséminé dans l'entreprise. Une partie est notamment absorbée par les variations de stocks, le crédit-client et le crédit fournisseur (ce qu'en jargon comptable on appelle le Besoin en Fond de Roulement, le BFR). Le point le plus déroutant relève et de la terminologie et de l'apparente confusion des concepts.

 

exemple de confusion des termes 

 

paru dans les Échos du 25 janvier 2016

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 Le directeur financier de l'entreprise a ainsi mobilisé les troupes sur le thème : "Il faut réduire le BFR". Dans les mêmes circonstances, le discours de son homologue d'un groupe américain aurait été: "we have to increase our CASH-FLOW". 

 

Dans les deux cas, il s'agit en fait du même message, exprimé différemment. Le but recherché est d'améliorer la trésorerie de l'entreprise, de manière à produire deux effets: réduire l'endettement et donc réduire les frais financiers.

 

A noter que la réduction des frais financiers résultant de l'augmentation du CASH-FLOW "trésorerie" entrainera l'augmentation du CASH-FLOW "rentabilité".....

 

 

flux de trésorerie

 

Le calcul du "flux de trésorerie"  figure dans les rapports annuels des sociétés. Le point de départ est le cash-flow de "rentabilité", auquel on ajoute, ou retranche tous les éléments ayant affecté la liquidité.  

 

L'exemple le plus simple est celui du remboursement d'un emprunt. Rembourser un emprunt n'affecte pas la rentabilité, mais la liquidité. Comptablement, seul le bilan est affecté: le cash diminue, mais la dette aussi. Si au contraire, l'entreprise a souscrit un nouvel emprunt, c'est le même phénomène mais en sens inverse: le bilan augmente côté actif (augmentation du cash) et côté passif (augmentation de la dette) mais pas d'impact sur la rentabilité .... au "détail" près d'une augmentation des frais financiers. 

 

 

 

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ebitda

 

La formule signifie earnings before interest, taxes, depreciation and amortization, ce qui se traduit par "marge avant frais  financiers, impôts et amortissements".

 

L'idée est de savoir ce que l'entreprise a gagné AVANT ses amortissements (comme le cash-flow), AVANT de payer ses impôts (qui varient d'un pays à l'autre), AVANT ses provisions et les frais financiers (qui , l'un et l'autre, ne sont pas liés à l'activité).

 

L'ebitda se calcule à partir du cash flow,  ebitda= cash-flow (bénéfice net plus amortissement) + impôts+intérêts+provisions. Il peut aussi se calculer "d'en haut", comme le fait Iliad dans son rapport annuel.

 

 

 

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L' ebitda intéresse surtout les marchés. Dans un secteur donné, la comparaison de la rentabilité "pure" des entreprises permet d'identifier celles qui sont promises aux meilleures performances boursières.

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synthèse  une affaire de bon sens

Notons qu'une harmonisation internationale n'a pas pu être trouvée sur l'utilisation et le sens du mot cash-flow. Il faut donc s'habituer à la co-existence de termes et de concepts différents, dont chacun correspond à un contexte professionnel particulier : ebitda, marge d'autofinancement, cash-flow libre.

 

Pour s'y retrouver dans la diversité des interprétations, il est donc nécessaire de  se référer au contexte.

 

Comme on l'a vu, il y a deux grandes familles de cash-flow, selon que l'on considère le point de vue de la rentabilité ou celui de la trésorerie. Il est vrai qu'il y a des passerelles entre les deux, puisqu'une trésorerie mal gérée entraînera des frais financiers élevés qui pèseront sur la rentabilité. Cela dit, le point de départ est différent dans l'un ou l'autre cas. Il faut également accepter que des nuances de calcul apparaissent au sein de ces grandes familles.

 

Prenons l'exemple de la rentabilité: la définition "dépouillée" du cash-flow est  Bénéfice plus Amortissement. 

 

Dans cette définition, on ne tient pas compte des provisions. Si le but de l'analyse est de mesurer la "vraie" rentabilité de l'entreprise sur un exercice précis, il faut bien-sûr les regarder de près, car derrière une provision il y a une probabilité ou une anticipation de dépenses.  

 

Il y a en effet les provisions générales pour risques généraux ou les provisions pour un risque réel, mais imprécis dans son montant ou sa date de réalisation. Deux critères sont à considérer, le risque réel de concrétisation du risque et sa récurrence. Le meilleur exemple est celui d'un redressement fiscal, lié à un litige en cours de discussion. L'entreprise est sûre d'être redressée, mais il y a une grande incertitude sur le montant du redressement et sa date. 

 

Le bon sens commande.

 

Dans le contexte de l'évaluation de la valeur d'une entreprise, il serait absurde de prévoir des provisions pour des risques futurs peu probables. S'il y a vraiment des risques futurs et certains, ceux-ci doivent être considérés comme des coûts et non plus comme des provisions. Il en est de même pour la comparaison de deux entreprises d'un même secteur. Si le but est de déterminer laquelle des deux entreprises est la plus rentable, il ne sert à rien de tenir compte de risques identiques pour l'une et l'autre, puisque l'on raisonne par différence.

 

De la même manière, on peut être conduit à éliminer des calculs le facteur "intérêts financiers" et le facteur "provisions". Ce qui est calculé est alors une "grosse marge" qui ne tient pas compte de ces deux facteurs. C'est l'ebitda, lequel permet des comparaisons d'entreprises dans l'optique des investissements en bourse. 

 

Pour continuer dans cette optique "bourse", prenons l'exemple de l'actionnaire qui s'interroge sur la capacité de l'entreprise à verser des dividendes à un moment donné. Ce qui l'intéresse alors est le free cash-flow. Le free cash-flow est ce qui reste quand l'entreprise a procédé aux renouvellements indispensables de ses équipements, et quand elle a effectué les remboursement de ses emprunts. Cette part est vraiment disponible pour les actionnaires.  Son calcul figure dans la plupart des rapports annuels.

 

Il y a des exceptions, naturellement: certaines entreprises empruntent pour verser des dividendes! Mais il faut regarder de près pourquoi.

 

Rien de commun entre Apple et EDF ou Total, par exemple. Apple préfère emprunter plutôt qu'utiliser son immense trésorerie offshore car les intérêts sont moins élevés que l'impôt qu'il faudrait payer au fisc américain en cas de rapatriement de cette trésorerie.  EDF ou Total n'ont pas les moyens de payer des dividendes pour l'exercice 2015. Mais il faut garder l'intérêt des investisseurs pour de futurs appels au marché de la part de ces deux entreprises.... à moins qu'il ne s'agisse plutôt de payer les dividendes attendus par l'État...

 

Cette diversité de points de vue explique la difficulté à codifier cette notion de cash-flow. On comprend la complexité des rapports annuels sur ce point. Ces rapports annuels sont destinés à un large public: les banques prêteuses, les analystes de bourse, les investisseurs futurs, les actionnaires du moment, etc .... Les rapports annuels donnent tous les éléments permettant à chacun de faire ressortir l'agrégat qui l'intéresse.

 

 

 

 

 

6-DIVIDENDES - BOURSE - ACTIONS - MARCHÉS FINANCIERS

 

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Les dividendes ont mauvaise presse. Les milliards distribués globalement chaque année aux actionnaires du CAC40 accréditent l'idée de l'argent gagné sans effort, l'argent "gagné en dormant " selon une expression célèbre. Une jolie formule, une formule qui frappe. mais erronée. Les nuits des investisseurs sont peuplées de rêves, .... et parfois de cauchemars.

EN BREF

Comprendre les dividendes est chose simple: les dividendes sont aux actions ce que les intérêts sont au crédit.

 

Pour bien voir cela, il suffit de penser au point de vue de l'entreprise. Les entreprises vont en bourse pour obtenir de l'argent. De l'argent pour investir, pour se développer ou pour acheter une autre entreprise.

 

Concrètement, aller en bourse signifie émettre des actions pour les vendre. La bourse présente deux immenses avantages par rapport au crédit: il n'y a pas d'obligation de rembourser et il n'y a pas d'obligation de payer des intérêts. Cet aspect des choses est rarement souligné, c'est pourtant le miracle de la bourse.

 

Certaines entreprises ne versent aucun dividendes, d'autres beaucoup. Le critère pour l'entreprise est le suivant: aurai-je besoin dans le futur de "retourner" en bourse, c'est-à-dire d'émettre de nouvelles actions? Si oui, il vaut mieux soigner les actionnaires actuels et leur verser des dividendes attractifs.

 

L'idée du dividende gagné en dormant est doublement fausse. Fausse d'abord parce que l'actionnaire peut perdre et même perdre beaucoup.  Fausse aussi car gérer intelligemment et efficacement un investissement demande du travail, beaucoup de travail. Ainsi non seulement il y a des années sans dividendes, mais pire, le cours des actions peut baisser.  C'est alors comme si le dividende était négatif. L'actionnaire peut perdre 10, 20 ou même 90% de son investissement. C'est la conséquence de ce qu'on appelle la prise de risque. Le risque de gagner... et le risque de perdre.

 

Ainsi l'action FREE (Iliad) a perdu près de 30% sur les 5 premiers mois de 2018, et autant en 2019!

 

Pour cette raison, l'actionnaire n'attend pas tranquillement, en dormant, la tombée des dividendes. Il est au contraire constamment sur le qui-vive. Il lui faut suivre au plus près les entreprises dont il a acheté des actions. Anticiper leur développement, comparer leurs performances avec les entreprises concurrentes. Et surtout diversifier ses investissements pour diminuer le risque des mauvaises surprises. Investir dans des secteurs différents dont on pense que les fluctuations se compenseront. Jauger les dirigeants, sentir les courants investisseurs, les modes, analyser les chiffres. C'est un vrai travail, loin d'une attente paisible et ...  somnolente.

   

 

pourquoi la finance a pris tant d'importance

Tout simplement parce que les entreprises et les Etats ont de plus en plus besoin ... de financement. Chacun peut comprendre que les entreprises ont besoin d'argent pour se développer. De l'argent aujourd'hui pour investir demain et faire des bénéfices après demain.

 

En France et en Europe, on a longtemps pensé que le financement des entreprises était le fait des banques et du crédit. Et cela a été vrai jusqu'aux années soixante. A cette époque on parlait peu de la bourse, une bourse franco-française sans surprises et qui présentait peu de fluctuations.

 

Il est arrivé un moment où  les entreprises ont dû chercher de plus en plus leurs ressources en dehors du monde bancaire. La raison était  - et elle est encore - que les capacités des banques ne suffisent plus à couvrir leurs besoins. L'économie s'est en effet formidablement développée ces quarante dernières années. Aujourd'hui les entreprises se financent en partie avec le crédit bancaire, et pour le reste par ce qu'on appelle le marché. Le marché, c'est essentiellement la bourse et le marché obligataire.

 

Ce besoin de ressources extra-bancaires s'est accentué avec la montée des déficits étatiques, qu'il a bien fallu combler par l'emprunt. L'Etat français emprunte chaque mardi entre 7 et 10 milliards d'euros. Une partie sert à rembourser un ancien prêt arrivé à maturité, et l'autre partie sert à financer les dépenses non couvertes par l'impôt. Grâce à l'existence de marchés bien rôdés, sophistiqués, la France n'a aucun mal à placer sa dette. On parle de marchés "liquides",  c'est-à-dire avec de très nombreux intervenants, de sorte qu'il y a toujours un investisseur pour acheter de ce qui est proposé.

 

Cela dit, la situation créée en 2015-2016 par le quantitative easing de la BCE, et les taux négatifs, ne doit pas faire illusion: le déficit français ne peut plus monter indéfiniment, même si le "crédit" de la France est considéré comme bon. En effet la bienveillance des prêteurs se fonde en grande partie sur la force de l'euro. Cela signifie qu'existe une forme de protection mutuelle entre les États qui ont adopté l'euro. La France bénéficie des finances "vertueuses" de pays comme l' Allemagne et la Hollande, qui rassurent les prêteurs. A la fin du qe, les taux d'intérêts français risquent de remonter fortement. Le pire serait bien-sûr le scénario de sortie de l'euro...

 

intérêts ou dividendes

Les investisseurs ont toujours le choix du type de revenu (et du risque) pour leurs placements.

 

Les intérêts sont fixes et connus d'avance, tandis que les dividendes sont variables. Dans le premier cas l'investisseur placera son argent dans des obligations émises par les entreprises ou les États. Ces obligations donnent droit à paiement d'intérêts et au remboursement du capital initial.

 

Les actions on l'a vu, offrent une double perspective de gain ou de perte. C'est comme si un crédit était fait à l'entreprise mais sans que le prêteur ne soit sûr ni de percevoir une rémunération ni même de récupérer son capital initial. En revanche il a l'espoir de gagner sur les deux tableaux. D'ailleurs tout acheteur d'actions en est persuadé ...

 

  

les actions, une invention géniale

La bourse est un endroit magique pour les entreprises, car elles peuvent emprunter sans jamais rembourser. Pourtant ceux qui lui prêtent ont la certitude, ou disons la quasi-certitude de retrouver leur argent.

 

Voilà un mystère qu'il faut expliquer. Lorsqu'une entreprise émet des actions en bourse, elle reçoit de l'argent en contrepartie. Cet argent devient son capital, c'est à dire qu'elle peut l'utiliser comme elle veut, pour investir, pour acheter une autre entreprise, créer une filiale, etc… Mais il faut savoir que cet argent ne lui appartient pas, il appartient à son actionnaire. C'est comme ça dans les entreprises dites capitalistes.

 

Il faut se représenter une action comme un titre de propriété d'une partie de l'entreprise. Une action comporte un prix .

 

 

 


 

 

Ce prix n'a pas grand sens car il se rapporte à la valeur de l'entreprise le jour où l'action a été émise. Son intérêt est surtout d'indiquer la part de capital qui est détenu. Pour l'investisseur, la vraie référence de valeur, c'est le cours.

 

Les actions étaient autrefois matérialisées en "papier". Elles existent aujourd'hui sous forme d'inscription en compte dans les ordinateurs de la banque. Leurs caractéristiques juridiques sont toutefois inchangées. L'action est un titre de propriété représentant un pourcentage du capital de l'entreprise, et ce titre confère à celui qui le détient un droit de vote à hauteur de ce pourcentage.

 

les fluctuations des cours  

 

Les mécanismes de la bourse sont parfois compliqués, mais tout repose sur un principe simple, la loi de l'offre et de la demande. Selon cette loi, tout déséquilibre de l'offre et de la demande entraîne une variation du prix. S'il y a plus d'acheteurs que de vendeurs, les prix montent, s'il y a plus de vendeurs, ils baissent.

 

 

 

 

 

 

 

Ce phénomène est lié au problème de rareté et aussi à la nature humaine. On peut l'observer sur n'importe quel marché "physique". Si le gel a raréfié la production de certains légumes, leur prix augmente. Si un nombre inhabituel de touristes déferle sur un marché, les prix montent.

 

Il en est de même en bourse. On n'y échange pas des produits, mais des anticipations. Un investisseur achète des actions lorsqu'il pense que l'entreprise concernée a des perspectives de développement importantes. Si un nombre important d'investisseurs pensent la même chose, le cours va monter. Ceux qui les détiennent n'accepteront de s'en défaire qu'à un prix supérieur au cours actuel.

 

L'entreprise ne rembourse jamais ce qu'elle a reçu d'une émission d'actions (sauf, pour être juste, dans quelques cas très particuliers). Cela suppose quand même de nombreuses contraintes et une grande discipline de sa part. Les entreprises dont les actions sont cotées sont tout d'abord obligées à la transparence. Elles doivent publier leurs comptes tous les trois mois. Ces comptes doivent être certifiés par des organismes indépendants.

 

Donc c'est clair, une entreprise qui décide d'entrer en bourse perd d'une certaine manière son indépendance. C'est le "prix" à payer pour obtenir ce type de financement "qui n'est jamais remboursé". Le deuxième miracle de la bourse est qu'il n'y a pas d'intérêts à payer. Seulement des dividendes.

 

 

intérêts ou dividendes 

Quelle est la différence ? Il est clair qu'une entreprise ne peut pas faire n'importe quoi, sinon le cours de son action risque d'en pâtir. Si une action perd trop de sa valeur, elle est rejetée par le marché, personne n'en veut plus, et la conséquence est que l'entreprise ne peut pas espérer une nouvelle émission d'actions.

 

Une entreprise peut convaincre ses actionnaires d'accepter peu ou pas de dividendes en contrepartie d'une espérance de forte croissance et donc de gains futurs. Ce que l'investisseur perd du fait du non paiement de dividendes, il le récupère par la hausse du cours et l'anticipation de dividendes importants dans le futur.

 

 (à noter que FRANCE TELECOM est devenu ORANGE)

 

L'histoire est fertile en aller-retours en bourse de la part des entreprises. C'est le cas d'un groupe familial par exemple qui à un moment donné a besoin d'argent pour investir. Mais quelques années plus tard, les obligations de transparence sont jugées insupportables et l'entreprise rachète les actions émises. Le cas le plus récent est celui des Galeries Lafayette.

 

Sur le plan macro-économique, l'exemple de la bourse montre que les entreprises ont deux manières de se financer, les banques et le marchéLe marché ne veut pas seulement dire la bourse. Il y a d'autres financements qui ne sont pas d'origine bancaire. Les billets de trésorerie en sont un exemple. Le système des billets de trésorerie permet aux entreprises de se prêter mutuellement de l'argent sans passer par les banques, donc en évitant de payer le surcoût de l'intermédiation bancaire. Mais alors elles prennent un risque, celui de la défaillance de l'entreprise à laquelle elles ont prêté de l'argent.

 

 

 qui sont les marchés? 
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Les marchés ont dans l'opinion publique une double aura de complexité et d'opacité. Moins régulés que les banques, mais régulés quand même, ils jouent en fait un rôle capital en recyclant l'épargne mondiale  dans l'économie.

Dans ce chapitre il est question des marchés financiers, c'est-à-dire de la bourse et du marché des obligations, qui sont les plus importants. Contrairement à une idée répandue, les marchés ne sont pas déconnectés de l'économie. Ils sont en fait  indispensables à l'économie réelle. De plus, loin d'être en "concurrence" avec les banques, ils sont complémentaires de ces dernières, soumises à de nombreuses limitations quant au volume et au type de risques qu'elles peuvent prendre.  

 

Par ailleurs, on ne peut pas parler de non-régulation. Les marchés boursiers sont en fait étroitement contrôlés au niveau national: l'AMF en France ou la SEC américaine exercent scrupuleusement leur rôle de "gendarmes". En ce qui concerne les autres marchés, on peut parler d'une auto-régulation.  

 

Une réalité s'impose: c'est grâce à la formidable vitalité des marchés américains que des entreprises comme les GAFA (Google, Amazone, Facebook ou Apple), et bien d'autres, ont pu se développer.  Ce n'est pas sans raison que discrètement, mais fermement, la BCE essaie de renforcer les marchés financiers en Europe. La titrisation, passerelle entre les banques et les marchés, est déjà en route!

 

 

Au sens général, les marchés désignent des lieux de rencontre d'acheteurs et de vendeurs. Il y a des marchés de biens, de produits consommables, de matières premières. Certains sont concentrés et localisés, à l’image des marchés de légumes ou du marché des matières premières de Chicago. D’autres sont disséminés, comme les marchés immobiliers, eux-mêmes subdivisés en marchés d’immobilier résidentiel et d’immobilier de bureaux.


Les marchés financiers sont des lieux – plus virtuels que réels– où s’échangent des « biens » financiers. Le plus connu de ces lieux est la bourse, où les biens échangés sont des actions.  
 

 

Il existe autant de marchés financiers qu’il existe de produits financiers. En dehors de la bourse, le deuxième marché le plus connu est le marché des obligations, ou marché obligataire. 

 

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 le miracle de la bourse
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 Un prêt, dans sa forme classique a le grand inconvénient d'être difficilement transférable d'un prêteur à l'autre. Exprimé sous forme d'un titre, appelé alors obligation, il devient au contraire très souple d'usage, sans pour autant changer le point de vue de l'emprunteur. L'action est une autre forme de titre qui présente des avantages surprenants.

 La meilleure introduction à la notion de titre consiste à de partir de la notion de prêt. Une notion qui fait pour ainsi dire partie de la vie courante, qu’il s’agisse de prêt immobilier, de prêt d’études ou de prêt pour l’acquisition d’un bien important, voiture ou autre.

 

Prenons l’exemple d’un prêt direct entre personnes, comme cela existe souvent, un prêt entre amis.

 

Imaginons un particulier héritant de cinquante mille euros, une somme dont il n’a pas l’emploi immédiat, et qu’il n’hésite pas à prêter à un très vieil  ami qui lui en fait la demande. Les deux amis conviennent d’un prêt remboursable en totalité à l’issue d’une période de cinq ans et porteur d’intérêts intermédiaires. Ils s’entendent pour garder une trace écrite de leur accord et rédigent un document ressemblant en tous points à un contrat de prêt. 

Les choses se passent bien, les intérêts sont payés aux échéances convenues. Mais  la troisième année, le prêteur découvre qu’il aurait bien besoin de ses cinquante mille euros car il doit faire face à une dépense imprévue. Impossible, moralement, de demander le remboursement anticipé du prêt à son ami, qui d’ailleurs ne le pourrait pas. Le prêteur n’a d’autre ressource que de s’adresser à son banquier.

 

C’est précisément pour faire face à ce genre de situation qu’une autre manière de faire les choses a été conçue. Plutôt qu’un contrat de prêt liant le prêteur et l’emprunteur, il aurait été plus simple d’établir un document signé par l’emprunteur et lui seul, précisant son engagement à payer au porteur cinquante mille euros à une date du futur et des intérêts sur cette somme. Quelque chose comme une reconnaissance de dette, mais sans mention de bénéficiaire.

 

Le prêteur aurait alors tout simplement « acheté » ce papier. L’avantage ? Le papier en question serait devenu immédiatement cessible. En d’autres termes, le prêteur aurait pu le revendre à tout moment, au bout de trois ans dans ce cas, sans aucune formalité. A condition bien-sûr de trouver un acheteur, c’est-à-dire quelqu’un disposé à prêter cinquante mille euros remboursable deux ans plus tard, et produisant l’intérêt fixé à l’origine. Difficile ? Peut-être, sauf si on imagine que les taux d’intérêts ont baissé sur la période écoulée, auquel cas le « placement » sur deux ans au taux d’origine devient avantageux. .

 

Le papier cessible qu’auraient pu imaginer nos deux amis est l’ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui - pour les entreprises et les États - une Obligation.

 

Le succès des obligations est phénoménal: il y a dans le monde énormément d’entreprises et d’États qui ont besoin d’argent. Et il y a en face énormément d’autres entreprises, d’États et d’institutions qui ont de l’argent disponible. Cette demande et cette offre se rencontrent chaque jour sur un « marché » appelé marché obligataire.

 

Les prêteurs, du fait de leur nombre sont toujours sûrs de pourvoir revendre les obligations achetées, avec, en prime, la possibilité de faire un bénéfice.Cette souplesse considérable explique l’immense succès de cette forme de prêt. Les volumes quotidiens avoisinent les milliers

de milliards d’Euros! Comme beaucoup d’inventions financières, celle-ci repose sur une observation de bon sens : un prêteur sera d’autant plus disposé à prêter qu’il sait qu’il n’est pas lié à l’emprunteur, et qu’il peut récupérer sa mise à tout moment sans gêner l’emprunteur. 

 

Voilà tout simplement exposé le principe du marché. Avec en prime, l’explication du mécanisme de la titrisation ! En effet transformer un crédit classique en titre cessible, en jargon, s’appelle titriser ce crédit.

Tout ceci mérite naturellement des explications complémentaires, mais la route est tracée, pourrait-on dire.  Et loin d’être déconnectés des entreprises, les marchés en expliquent au contraire le formidable essor.
 

 

 

 

 

fixer les prix

Tous ces marchés ont des points en commun. Tous remplissent une fonction capitale, qui est leur capacité à déterminer un prix..... ou un taux d'intérêt (le "prix" de l'argent).

 

Il en est ainsi de l'ensemble des marchés. Sur leurs marchés respectifs, le prix du m2 d’un appartement à Lyon, c’est tant. Le cours de l’action Apple, c’est tant. Le pétrole vaut tant. La dette espagnole à cinq ans vaut 4%.

 

Cette notion de prix est presque philosophique, en ce sens qu’un prix n’a pas d’existence durable et pourtant tout le monde s’y réfère. Un prix est le résultat de la rencontre d’une offre et d’une demande. Il est unique et éphémère. Il résulte d’un accord entre deux subjectivités. « C’est cher mais j’en ai besoin, je l’achète » ou « ce prix ne me convient pas, je ne vends pas, j’attends une offre à un prix supérieur ». Notre vision est faussée car la vie courante offre plutôt une vision de prix fixes. Les objets de tous les jours ont « un » prix. Et les différences de prix d’un même objet d’un endroit à l’autre nous paraissent le fait du marchand et non pas celui de l’acheteur. Et pourtant !

 

C’est toujours le couple « acheteur-vendeur » qui détermine le prix. Ce qui ne se voit pas pour les produits de masse apparaît clairement lors d’achats plus importants, comme l’immobilier. 

 

 

 

marchés financiers et banques 

point de vue de l'entreprise.


Prenons l'exemple d'une entreprise qui a besoin de financer un important investissement. Elle recherche des financements "longs", de cinq à dix ans ou plus. On suppose que l'actionnaire n'est pas sollicité pour une augmentation de capital, ce qui serait une manière de résoudre le problème. 
Deux possibilités s'offrent à elle, le recours à la banque ou le recours au marché financier. 


Le recours à la banque c'est le crédit. Dans cette hypothèse, le prêteur c'est la banque. Celle-ci va probablement emprunter elle-même ce qu'elle re-prêtera, mais c'est elle la banque, qui est en risque. Le critère, c'est qui prend le risque. Pour couvrir ce risque, elle va s'entourer de garanties. Un crédit est une construction juridique lourde et complexe.

Le recours au marché offre plusieurs possibilités techniques - disons pour simplifier, actions ou obligations. Celui qui prend le risque, c'est l'investisseur. L'entreprise n'a pas à fournir de garantie, disons formelle, comme une hypothèque sur un bien immobilier ou une caution de tiers. Elle se doit en revanche d'avoir un profil impeccable, de respecter les règles de transparence et d'obtenir une notation. La notation, établie par un organisme spécialisé, renseigne les investisseurs sur la qualité de l'emprunteur, c'est-à-dire son niveau de risque.
 

 

Les deux formules ont leurs avantages et leurs inconvénients. Disons que le plus sûr pour l'entreprise est de recourir à l'emprunt obligataire. De cette manière elle préserve sa capacité d'emprunt auprès de sa ou de ses banques. La prudence commande en effet de pouvoir emprunter en cas de coup dur, pour supporter le choc d'un événement imprévu, comme la faillite d'un gros client qui devait d'importants montants.

 

L'inconvénient majeur est lié aux contraintes de l'emprunt obligataire, comme par exemple la nécessité d'une notation auprès d'une agence spécialisée. Ce processus impose le maximum de transparence des comptes.  C'est en effet cette notation qui renseigne l'investisseur sur la qualité du risque qu'il va prendre en achetant des obligations.

 

point de vue macro-économique

 

Le système bancaire est insuffisant pour couvrir les besoins de financement de l'économie.

 

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Comme on peut le voir, la contribution des marchés est de 70% aux Etats-Unis. La proportion est inverse en Europe, soit 70% pour les banques et 30% pour les marchés.

 

limites du système bancaire

 

L'insuffisance du système bancaire tient à deux éléments:

 

Sur le plan quantitatif, les banques sont limitées par leurs fonds propres. Pour ne pas mettre en danger les dépôts de la clientèle, elles ne peuvent pas prêter plus qu'un multiple de ces fonds propres.

 

Sur le plan qualitatif, les banques sont limitées dans la natures des risques qu'elles prennent. Elles ne peuvent pas financer des start-up, par exemple, pour la même raison que précédemment, ne pas mettre en danger les dépôts de la clientèle.

 

L'importance relative du financement par les marchés aux États-Unis s'explique simplement par le nombre et le dynamisme des entreprises américaines. 

 

  
régulation des marchés

le problème

La média et les "politiques" répètent sans cesse que la régulation est nécessaire.... et constatent aussitôt que son application est difficile, car elle fait l'objet de vents contraires.

 

D'un côté, les crises financières et bancaires ont montré l'urgence et la nécessité de la régulation. Mais de l'autre côté, la régulation doit être mondiale si elle se veut efficace. Or l'accord entre Etats est difficile à réaliser car tous n'ont pas la même conception du degré de régulation.

 

La règle de base est le contrôle des activités financières qui concernent le grand public. C'est le cas de la banque et dans une certaine mesure de la bourse. Il faut savoir que la régulation nationale dans ces deux domaines existe depuis longtemps.

 

Pour les banques, la régulation au niveau international résulte des accords de Bâle. Ces accords sont informels en ce sens qu'ils ne relèvent pas de l'autorité des États mais de la volonté des banques.

 

Les marchés les plus importants, comme la bourse et le marché obligataire sont soumis à des réglementations contraignantes au plan national.

 

Pour les autres marchés, il y a une forme d'auto-régulation, qui ne relève pas de l'autorité des États. Il y a aussi il est vrai des marchés peu visibles, rassemblés sous le terme de shadow-banking, et que les États voudraient bien contrôler.

 

la régulation un voeu pieu ? 

La régulation mondiale des marchés financiers demandera  plus de temps, car il faudrait harmoniser les philosophies divergentes du monde anglo-saxon - notamment américain - et du monde européen. 

 

Les choses se compliquent encore si l'on considère qu'il existe deux types de marchés financiers: les marchés structurés, visibles, et les marchés dits "de gré à gré", qui le sont moins.

 

Les marchés de gré à gré s'appellent en anglais les OTC, abbréviation de over the counter, une expression imagée dit bien ce dont il s'agit: "par dessus le guichet". Le plus célèbre de ces marchés OTC est celui des CDS, les Credit Default Swaps, dont il est question dans le modules SUBPRIMES et SHADOW BANKING.

 

La question est vraiment philosophique: réguler oui, mais jusqu'où ?  Où est la "juste" frontière entre la protection de l'intérêt commun et la liberté créatrice.....  Et surtout, comment créer un accord mondial ? 

 

crise des subprimes: un diagnostic incomplet

 

Un autre point de vue est le suivant: le besoin de régulation des marchés a été certainement mal engagé.

 

C'est en effet la crise des subprimes qui a poussé le monde politique a s'emparer du sujet. Cette crise est en effet à l'origine de la crise financière puis de la crise économique qui a lourdement pesé sur l'activité des pays développés.

 

Une erreur de diagnostic semble toutefois avoir été commise. La crise des subprimes n'est pas due à l'absence de régulation mondiale des marchés, mais à l'attitude du gouvernement américain, plus exactement du Ministère du Logement qui a laissé le flou se maintenir quant à la garantie fédérale couvrant ces crédits subprimes. Le jour où le monde financier a réalisé que le gouvernement ne couvrait plus ces  crédits, la panique s'est emparée des détenteurs d'obligations composées à partir de crédits subprimes.  Le doute a été plus fort que tout.   

 

Ce dossier des subprimes illustre plusieurs points importants. L'inventivité des banques d'affaires américaines tout d'abord, auxquelles les États-Unis doivent tout de même le formidable dynamisme de leurs entreprises. Mais surtout la non-compréhension des mécanismes réels de la crise par la plupart des décideurs politiques. 

 

En Europe, il est bien possible que la dimension politique du sujet l'ait emporté sur l'approfondissement "technique" des choses.  il était important pour les États de montrer qu'ils  prenaient les choses en main, et ils l'ont fait en désignant les coupables: les banques.  C'est ainsi que le fer de la régulation s'est porté sur les banques en général et sur les assureurs, dont on a en quelque sorte "coupé les ailes".

 

De nouvelles contraintes de fonds propres ont été imposées à l'ensemble des banques .... au détriment de leurs capacités de crédit. La séparation des activités banque d'affaires et banque de crédit, un thème récurrent et une mesure complexe à appliquer, fait l'objet d'âpres discussions entre le secteur bancaire et le législateurs de chaque côté de l'Atlantique.

 

Et en Europe, il est intéressant d'observer que la BCE utilise toutes sortes de moyens pour permettre aux banques de maintenir leur capacité de prêter à l'économie, alors que la nouvelle régulation produit l'effet inverse. 

 

A noter que le dossier "SUBPRIMES", qui présente un immense intérêt pédagogique, est exposé en fin de cours car son analyse demande l'assimilation de plusieurs notions intermédiaires.

 

 

En parcourant ce premier cours, vous avez pu vous faire une idée de la CLARTÉ du cours f (3).jpg, qui propose un chemin progressif pour découvrir en même temps les trois domaines  banque, finance économie.

 

 

Et surtout, sans connaissances préalables!

 

 

 

 

  

                                    
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 MAJ 150219 



31/10/2019
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