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Les Échos - Enseigner l'économie autrement

 

 



UNE TRIBUNE

dans LES ÉCHOS 

(publiée le 5 octobre 2022)

 

   

 

Enseigner l’économie autrement

 

En toute rigueur, l’enseignement des sciences devrait répondre à un double objectif, la formation de l’esprit et l’aide à la compréhension du monde réel. L’économie a ceci de particulier qu’elle n’est scientifique qu’en partie, en ce sens que nombre des mécanismes économiques étudiés à ce jour souffrent d’analyses incomplètes. Il en est ainsi des liens entre finance et croissance, entre banques et marchés, par exemple, sujets de grande importance, mais dont les équations rigoureuses n’ont pas été formulées à ce jour.

 

Perte d'objectivité

 

L’accumulation des imprécisions a conduit à l’interprétation de nombreux phénomènes au détriment de leur analyse et donc à des divergences de vues de la part des économistes. La science économique, perdant son objectivité, s’est apparentée à maints égards à une science humaine.

 

La complexité de la situation s’est accentuée du fait de contradictions visibles entre la théorie et l’expérience. Le fameux quantitative easing mis en place en Europe depuis 2014 a ainsi mis en évidence la fragilité de la causalité longtemps affirmée entre création monétaire et inflation. Le recours des banques centrales à l’arme massive des taux d’intérêt montre par ailleurs l’insuffisance de la science économique dans un domaine crucial et d’importance quasi planétaire, la maîtrise de l’inflation.

 

La réponse du système d’enseignement de l’économie en France face à ces complexités a été une différenciation des contenus selon les niveaux. L’enseignement des Sciences Economiques et Sociales au Lycée, plutôt orienté vers l’histoire des idées, donne une part sensiblement égale à l’économie et à la sociologie, deux domaines auxquels se sont ajoutés ces dernières années de nouveaux chapitres sur l’écologie et la science politique.

 

On peut douter de l’effet structurant d’un tel mélange sur les jeunes esprits, focalisés d’emblée sur des oppositions simplifiées entre État et marchés, entre environnement et croissance, entre inégalités et finance. L’enseignement supérieur connait quant à lui des orientations diverses, avec une prédominance de l’économie quantitative et de la gestion, faisant hélas l’impasse sur de nombreux sujets.

 

Les bacheliers et les diplômés de l’enseignement supérieur, universités ou grandes écoles, ne sont clairement pas équipés pour comprendre le monde réel, et peut-être même ne sont-ils pas motivés pour cela. Le fait que le Plan Comptable français soit encore enseigné dans les écoles d’ingénieurs, au-delà de l’anecdote, devrait alerter sur la nécessité d’un renouveau pédagogique.   

 

Renouveler la pédagogie 

 

Deux grands principes pourraient s’imposer quant à la refonte de ces enseignements dont on peut déplorer l’insuffisante ouverture aux réalités du monde actuel.

Il paraît tout d’abord nécessaire de changer la philosophie d’enseignement qui ne peut plus reposer seulement sur des affirmations. Les sujets de certitude seraient ainsi clairement distingués des autres sujets. Il ne s’agirait pas de convaincre les étudiants de telle ou telle interprétation, mais au contraire d’en exposer objectivement les différences.

 

Le second principe, tout aussi important, serait d’accorder une place nouvelle à un domaine jusque-là ignoré : le rôle de l’économie et de la finance sur le plan géopolitique. Les circuits financiers et les règles qui les régissent ont une double composante nationale et mondiale. Ils sont devenus des enjeux et des outils de rapports de force entre les États comme le montrent par exemple la domination du dollar ou la complexité des négociations de Bâle. L’équilibre des relations économiques et financières, de même que les problématiques environnementales apparues dans leur sillage n’auront de solution qu’à la condition d’ententes négociées sans relâche au niveau international.

 

Les gouvernements qui mènent et mèneront ces négociations ont besoin à cet égard du soutien éclairé de la majorité des citoyens. Sur tous ces sujets, le renouveau de l’enseignement de l’économie est une condition de progrès. 

 

Alain Lemasson 

Ancien banquier – Fondateur d’INFOFI2000

 

 

 

 voir la tribune sur le site des Échos (clic sur l'image)

  

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05/10/2022
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