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CAPITAL - Chat-GPT et UBS

 

 



UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital.fr le 23 août 2023)

 

   

Chat GPT défend l’amende infligée à UBS 

 

La condamnation récente d’UBS à une amende importante montre que les autorités financières américaines n’ont pas renoncé à poursuivre les banques pour leurs responsabilités dans la crise des subprimes de 2008. Interrogé sur le dossier d’accusation, Chat GPT répond qu’UBS et les banques visées sont poursuivies pour avoir vendu des produits financiers toxiques, présentés comme des investissements sûrs, dissimulant ou sous-estimant les risques liés aux crédits immobiliers utilisés dans leur composition.

 

La remarque est faite à Chat GPT que la plupart des titres utilisés par les banques pour créer des produits financiers étaient des titres immobiliers réputés sans risque émis par l’agence Fannie Mae, laquelle bénéficiait de la garantie implicite du gouvernement américain. Chat GPT conteste d’abord ce point de vue, mais s’embrouille ensuite, admettant que la mise sous tutelle de Fannie Mae en septembre 2008 a justifié la croyance antérieure dans la garantie implicite, prouvant ainsi la bonne foi des banques : « Je m’excuse pour toute confusion dans mes réponses précédentes. »

 

La responsabilité du Ministère du Logement, tuteur de Fannie Mae

 

Ce point technique est capital, car le mélange de titres garantis émis par Fannie Mae avec des titres non garantis rendait très attractifs les produits financiers créés par les banques, dont le ratio rentabilité / risque était en quelque sorte dopé. Cette mise au point sur la responsabilité des banques permet de lever la mise en cause des agences de notation accusées de légèreté dans l’analyse des risques et de fraude pour avoir menti sur le risque réel de ces produits. Celles-ci n’ont fait que constater l’effondrement des titres émis par Fannie Mae suite au doute des marchés sur le maintien de la garantie gouvernementale alors que le nombre des crédits immobiliers défaillants ne cessait d’augmenter. La mise sous tutelle de Fannie Mae a permis de lever ce doute, mais trop tard.

 

Confronté à ces remarques, Chat GPT consent à atténuer ses accusations, mais ne les retire pas, même après avoir admis que si vraiment il y avait eu la moindre preuve de fraude, les agences de notation auraient été poursuivies. Interrogé enfin sur la responsabilité du gouvernement américain dans la crise des subprimes, Chat GPT commence par nier, reprenant ses affirmations générales sur la responsabilité des banques, de la titrisation et des agences de notation.

 

Il reconnait toutefois la responsabilité du Ministère du Logement - rattaché au Président des États-Unis - qui n’a pas suffisamment contrôlé le management de l’agence Fannie Mae et n’a pas limité à temps son activité (1). Il reconnait également la co-responsabilité des deux grands partis impliqués dans l’évolution du système des subprimes et de l’effet négatif d’une loi contraignant les banques à émettre des crédits subprimes dans le but, noble il est vrai, de favoriser le logement social.

 

La performance technique et le potentiel pédagogique

 

Ce dialogue contradictoire, étonnant tant sur la forme que sur le fond, montre le progrès considérable accompli par rapport à Google dans la recherche et la synthèse d’informations complexes. L’utilité de Google demeure cependant, dans sa capacité à citer les sources, ce que ne fait pas Chat GPT. L’agilité technique de Chat CPT surprend dès lors que l’on a conscience des millions d’informations analysées et synthétisées en quelques secondes, de sa capacité à exprimer ses points de vue avec clarté, à les mémoriser et, plus étonnant, à se corriger lui-même. 

 

Il parait souhaitable d’encourager le monde enseignant à réfléchir au potentiel pédagogique immense de ce nouvel outil. Et l’on ne peut que souhaiter la correction dans l’opinion de l’analyse attribuant aux banques et aux agences de notation la responsabilité première de la crise des subprimes, une mise au point indispensable pour lever la perception négative qui prévaut à l’égard de ces institutions et de la finance en général.

 

Alain Lemasson – Ancien banquier, auteur et chroniqueur

 

(1)-Les Échos 22/09/2008- « Fannie Mae était garant de 5400 milliards $ de crédits immobiliers … l’équivalent du tiers du PIB américain »

 

  

 

 

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23/08/2023
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