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Capital - Les dividendes à la loupe

 

 




 

 



UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital.fr le 26 novembre 2019)

 

 

Les dividendes à la loupe

 

La méfiance à l’égard des dividendes a dépassé le cadre du débat politique pour s’installer plus largement dans l’opinion. Beaucoup de ceux qui n’ont de l’entreprise et de la bourse qu’une représentation simplifiée sont ainsi tentés de penser que les dividendes atteignent des niveaux exagérés et, pire encore, qu’ils sont versés au détriment des salaires et de la capacité d’investissement des entreprises.

Bref il n’est pas normal, voire pas moral que ceux qui ne font rien s’enrichissent au détriment de ceux qui travaillent.

Demain n’est certes pas le jour où les vertus de la bourse et la nature positive des dividendes seront enseignées aux élèves de France. Bourse et dividendes sont pourtant faciles à comprendre, et comme en toutes choses, le regard attentif sur la réalité doit précéder le jugement. 

Le miracle ignoré de la bourse

Et la réalité à cet égard est fort simple. La bourse est pour l’entreprise comme une banque qui ferait un crédit … que l’emprunteur n’est pas obligé de rembourser. Quant aux dividendes, l’équivalent des intérêts, ils ne sont, eux non plus, pas obligatoires. Simple et miraculeux!

Survient alors une interrogation, mais pourquoi les investisseurs sont-ils assez fous pour « prêter » aux entreprises ce que celles-ci ne rembourseront sans doute jamais. La raison tout aussi simple est que ce « remboursement » peut être obtenu à tout moment en bourse par la revente des actions, avec bien sûr le risque de perdre, mais aussi de gagner. C’est le principe-même de la bourse.

Concrètement une introduction en bourse s’appelle une IPO, abréviation de Initial Public Offer. L’entreprise vend littéralement les actions créées pour l’occasion, pour un montant qui fait l’objet de savants calculs et de comparaisons, tout cela sous l’égide d’une banque d’affaires. Ce que vient de faire La Française des Jeux, d’ailleurs..

Mais alors, autre question, pourquoi les entreprises versent-elles des dividendes alors qu’elles n’y sont pas obligées?

A nouveau, l’observation de la réalité conduit à une découverte pour le moins étonnante : les dividendes payés par l’entreprise sont en fait un investissement qui peut rapporter jusqu’à cinq fois leur montant, voire plus.

L’explication est là-aussi très simple : des dividendes annuels disons de 2% de la valeur des actions permettront par exemple de lever cinq ans après cinquante pour cent de capital supplémentaire « gratuit ». Cinquante pour cent gagnés pour dix pour cent de dividendes versés au total sur la période.

Un second miracle en quelque sorte. Ce qu’en bon jargon financier on appelle un énorme retour sur investissement. 

L’IPO d’Alibaba

Les levées d’argent qui suivent l’IPO se concrétisent par de nouvelles émissions d’actions. Les investisseurs seront d’autant plus enclins à y souscrire que l’entreprise les aura bien « soignés » avec des dividendes réguliers. Il faut bien sûr que les perspectives de l’entreprise soient positives.

Des exemples ? Alibaba a ainsi levé 15 milliards de dollars en 2014 à la bourse de New York, et s’apprête à recommencer. L’entreprise a pu recruter, créer des filiales et s’implanter dans le monde grâce à l’argent « gratuit » des actionnaires.

De même, les Gafas se sont incroyablement développées ces dix ou vingt dernières années grâce aux milliards levés en bourse. Il y a des échecs, naturellement, comme la start-up Wework qui a dû récemment abaisser ses exigences de prix, licencier son PDG et finalement renoncer à son IPO.

Là est la vraie nature des dividendes. On est donc loin, fort loin du discours des manuels de feu le bac SES parlant du partage de la valeur ajoutée, avec un regard lourd porté sur cette part du profit qui file dans les mains des actionnaires et grugerait les travailleurs.… 

Les marchés ne concurrencent pas les banques 

Mais il y a plus important encore. Ces marchés souvent décriés, dont la bourse n’est que l’élément le plus connu, sont indispensables au développement des entreprises, des start-ups aux multinationales.

La raison est que l’autofinancement ne permet plus de couvrir les énormes dépenses de R&D aujourd’hui  nécessaires ou les coûts de conquête de nouveaux marchés.

Il faut savoir aussi que les moyens des banques sont limités. Pour des raisons compréhensibles de prudence, il n’est pas question pour elles de prêter au-delà de certaines limites de volume et de risque. Pas question par exemple de prêter aux start-ups, sous peine de mettre en risque, outre l’argent des actionnaires de la banque, les dépôts des clients.

Contrairement à une idée répandue, les marchés n’empiètent pas sur le business des banques, ce que le mot désintermédiation utilisé dans les manuels pourrait laisser penser.

La réalité et que les marchés complètent les banques dans leur fonction de financement de l’économie, sans les concurrencer.

Quant au reproche de la non-régulation des marchés, la puissance et la sévérité de la SEC, l’organisme américain de contrôle des marchés en sont la contradiction évidente. 

Développer le marché européen des capitaux

Corriger la perception des marchés et des banques dans l’opinion revêt une importance cruciale au moment où l’affrontement économique entre les blocs se fait chaque jour plus menaçant. Doter l’Europe d’institutions financières adéquates est un élément critique à cet égard.

La BCE fait un travail discret dans ce sens. Renforcer les marchés financiers européens suppose la création de banques pan-européennes capables de rivaliser avec leurs puissantes consoeurs banques américaines. Les banques disposant de larges réseaux sont en effet indispensables au développement des marchés financiers car ce sont elles qui aident les investisseurs, en les informant notamment sur la qualité et le potentiel des entreprises en développement.

Nous en sommes loin, très loin.

Les trois premières banques américaines « pèsent » plus que les quinze banques européennes les plus importantes. Et surtout près de quarante pour cent de l’épargne européenne s’investit actuellement hors d’Europe. Il faut voir dans ce déséquilibre l’une des raisons de l’absence de gafas européennes.

Il est dès lors important d’empêcher que s’installent dans l’opinion la détestation des banques, la condamnation des marchés et comme le montre l’exemple des dividendes, une forme de procès de la finance.  

 

 

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25/01/2020
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