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L'Europe a du crédit

 

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UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital.fr le 8 ou 9 juin 2024)

 

 

 

L'Europe pour sortir de la dette 

 

Le problème de la dette, une constante du débat électoral, a pris cette année une dimension nouvelle dans un contexte géopolitique fortement troublé.  La dette de la France est certes très élevée au regard des critères de Maastricht, mais force est de constater que cet endettement avait une contrepartie positive qui éclate aujourd’hui.

 

C’est en effet grâce à sa dette que la France a pu investir et acquérir une indépendance quasi-totale en matière de production d’électricité avec son réseau de centrales nucléaires, développer des capacités de défense notamment nucléaire uniques en Europe, maintenir un système de transports ferroviaires sans équivalent ailleurs, et atteindre un niveau élevé en matière de protection de l’environnement. Il faut noter à cet égard l’existence d’une contrainte historique, la quasi-impossibilité pour l’État français de maitriser certaines dépenses en raison des menaces sur l’ordre public exercées par des organisations qui ont su infiltrer des secteurs vitaux de l’économie, comme les transports ferroviaires, aériens ou maritimes.

 

Le besoin de financement concerne tous les membres de l'UE 

Mais plus généralement, la guerre en Ukraine a été le grand révélateur des faiblesses de la plupart des autres pays dans les domaines où précisément la France avait beaucoup investi. Nos partenaires ont pris peu à peu conscience de leurs retards et de leurs immenses besoins d’investissement, notamment en Allemagne, ce qui signifie un endettement incontournable. L’Europe aurait pu s’aligner sur les Etats-Unis et accepter un niveau de dette de 120% et un déficit de 8%. La sagesse et l’urgence des mesures à prendre l’ont emporté, et la mise à jour des critères de Maastricht a été prudemment différée. L’heure n’est plus au débat mais à l’urgence de l’action.

 

Un nouvel emprunt de l’Union Européenne devrait donc être mis en place, à l’instar de l’emprunt de 750 milliards d’euros décidé en juillet 2020 dans le contexte de la crise du covid, mais avec un montant bien supérieur. La définition de nouvelles rentrées fiscales au niveau européen se posera alors, de manière à assurer son remboursement. On peut imaginer que les réticences allemandes seront d’autant plus faibles que l’Allemagne n’a plus le choix et que, de surcroît, cette solution lui permettra de ne pas contrevenir aux dispositions du fameux "Schuldenbremse" - le frein de la dette - inscrit dans sa Constitution. A ce nouvel emprunt de l’Union Européenne s’ajoutera la reprise du programme de rachats d’obligations par la BCE dès que le niveau de l’inflation le permettra.

 

La subsidiarité n'est pas une perte de souveraineté 

Les mesures européennes qui s'annoncent vont certainement provoquer la prise de conscience de l'importance de la notion de subsidiarité, en France notamment. Les Français vont comprendre que l'Europe n'est pas là pour se substituer à la souveraineté des États, mais pour faire efficacement ce que les États, seuls, ne peuvent pas assurer. L'euro a été la première expression de cette réalité et il sera plus facile à présent de faire comprendre à l’ensemble des pays d’Europe l'importance de l'Union financière vers laquelle nous devons nous acheminer.

 

Alain Lemasson

Centrale et Insead, ancien banquier

Auteur de « Comprendre l’économie et la Finance modernes – 4ème édition » voir ici (clic)

 

 

  

 

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07/06/2024
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