Financiarisation
En bref Le mot finance recouvre plusieurs réalités, passées en revue dans cet extrait du cours . La finance c'est d'abord, vu d'en haut, un ensemble d'institutions et de mécanismes dont la fonction est d'assurer la circulation de l'argent: les banques, la bourse et les marchés. A l'inverse, au niveau micro-économique, la finance c'est la finance d'entreprise. Cette finance a son miroir dans la comptabilité. La notion de financiarisation exprime une réalité simple, le besoin croissant de financement dans la vie économique et par conséquent le rôle accru des banques et des marchés. L'expression financiarisation de l'économie exprime aussi une perception, la perception d'un monde financier complexe qui fonctionnerait en vase clos, loin de l'économie réelle. Il est important de corriger cette perception. |
BANQUES - MARCHÉS - ÉTATS une vue globale |
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ENTREPRISES des besoins de financements croissants |
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FINANCES D'ENTREPRISE un autre regard sur le bilan |
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POUR ALLER PLUS LOIN des gafas europénnes? |
Ce premier schéma exprime le mouvement, le recyclage permanent de l'argent dans l'économie. L'argent de la consommation, l'argent de l'épargne, tout revient dans l'économie, grâce aux banques et aux marchés.
Les 3 pôles
Le schéma ci-dessous précise les choses et fait apparaître les trois acteurs indépendants du monde de la finance: les Banques, les Marchés et les États.
1- Le Système Bancaire, personnifié par les banques et les banques Centrales, est au coeur de l'économie en ce qu'il permet la circulation de l'argent et le crédit. Historiquement, le rôle de la BCE est le contrôle de l'inflation. Ce rôle s'est amplifié avec les mesures prises en 2020. De fait, la BCE est devenue le prêteur le plus important des États. Son rôle dans l'économie s'est considérablement amplifié. Un changement majeur!
2- Les Marchés organisent la libre confrontation de l'offre et de la demande pour la fixation des prix de toute nature. Il y a des marchés de biens, de produits consommables, de matières premières, de dettes. Certains sont concentrés et localisés, à l’image du marché des matières premières de Chicago. Leur rôle dans le domaine du financement des entreprises est crucial car les capacités des banques sont limitées en matière de risques et de volumes.
3- Les États se préoccupent de la stimulation de l'activité économique, de manière à favoriser l'emploi et la création/redistribution des richesses. Ils agissent directement sur le financement des entreprises, par des subventions ou des crédits par exemple, ou indirectement, par le biais de garanties de crédits ou de mesures fiscales en faveur de l'investissement.
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En une vingtaine d'années, les choses ont radicalement changé, les entreprises se sont développées comme jamais auparavant. Des startups ont été créées par centaines, certaines ont franchi avec succès les étapes de la croissance et sont devenues de véritables PME. Ces PME nouvelles et d'autres, tout comme les multinationales, étendent leurs activité, se développent au plan national et à l'international. Elles achètent d'autres entreprises, créent des points de vente ou des filiales, lancent de nouvelles production, consacrent de gros budgets à la R&D, la recherche.
Le fait nouveau, le grand changement, est là: le financement de ces investissements dépasse à présent les capacités de l'autofinancement et du crédit bancaire qui sont limitées en volumes et de risques. Les volumes en question et surtout les risques sont en effet considérables. Les banques doivent respecter des ratios prudentiels sévères sur ce point pour ne pas mettre en danger les dépôts de leurs clients.
Le marché a donc pris le relais. Le marché obligataire d'abord, et surtout la bourse. La bourse est l'élément le plus visible de ce qu'on appelle le financement en fonds propres. Elle est réservée au grandes entreprises et les conditions d'accès sont très sévères. La bourse est complétée par un ensemble de dispositifs moins connus destiné à capter l'épargne privée et à l'investir dans les entreprises de taille moyenne et dans les startups pour former ce qu'on appelle le private equity, traduction de financement en fonds propres.
Investir dans le capital d'une entreprise, c'est prendre le risque de gagner beaucoup ou ... de tout perdre. Ce territoire est donc interdit aux banques.
Concrètement, les structures qui permettent d'investir dans le capital des entreprises sont des fonds d'investissements, et la plupart sont crées par des banques.
Il faut bien voir la différence pour une banque entre faire crédit à une entreprise ou lui apporter des capitaux par le biais d'un fonds que la banque va créer. Dans le premier cas, la banque prend le risque de non remboursement du crédit, risque atténué par des garanties.
Dans le second cas, la banque apporte son expertise pour juger de la qualité de l'entreprise concernée, et monter juridiquement la structure porteuse, le fond d'investissement. Si les choses tournent mal, la banque ne perd rien, ... sauf peut-être la confiance des investisseurs dans le fond.
Incidemment on voit ici la signification du terme banque d'investissement. Pour des raisons évidentes de sécurité, la banque n'investit pas elle-même, ou de façon très marginale et temporaire. |
La finance d'entreprise est le plus souvent confondue avec la comptabilité. Et pire, l'enseignement met l'accent sur le détail des écritures comptables. Non seulement cette approche crée un voile d'opacité, mais elle fait oublier le plus important, l'interprétation de la réalité derrière les chiffres.
L'outil le plus important pour comprendre la situation d'une entreprise, plus que le compte d'exploitation ou le cashflow, c'est le bilan.
La représentation simplifiée du bilan
Le bilan est un outil universel qui permet de juger d'un coup d'oeil l'activité de l'entreprise, la qualité de sa gestion et sa problématique de financement, ce qui est beaucoup!
Du fait de cette richesse, le bilan est l'une des trois notions de base enseignées dans le cours INFOFI2000. Et sa compréhension ne demande aucunes connaissances préalables !
L'intérêt de ce tableau de bord qu'est le bilan peut être perçu directement à partir d'un exercice simple. Il s'agit de deviner ce que fait une entreprise uniquement par l'observation de l'actif de son bilan.
La question posée est celle-ci: quelle est l'activité des entreprises B et C? Le résultat est surprenant: on peut trouver la solution sans sans connaissances préalables!
Cliquer sur l'image pour suivre l'exposé de la solution. |
Le paradoxe de la financiarisation est que non seulement elle est nécessaire, mais qu'en plus l'Europe est sous-financiarisée. C'est la raison majeure de l'absence de gafa(s) européennes, comme l'explique cette chronique de l'auteur du site dans les Échos. |