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Capital - Le mauvais procès de la finance

 

 

 

 

 

 

 

 

UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital le 7 février 2020) 

 

 

Dividendes: le mauvais procès de la finance

 

Le sujet controversé des dividendes agite périodiquement l’opinion et révèle plus généralement une incompréhension générale de l’utilité du monde financier. Il est vrai que les économistes, comme hélas l’enseignement français, ne nous disent pas grand-chose d’éclairant à cet égard. Les premiers  s’efforcent  d’adapter les théories d’antan au monde d’aujourd’hui, en se contredisant d’ailleurs.

 

Quant à l’enseignement, mélange de jargon, de modèles  quantitatifs et de sociologie, son silence moralisateur sur les questions financières modernes est éloquent. Loin de toute complexité, il y a deux manières simples de voir par exemple la bourse et les dividendes, selon que l’on considère le passé de l’entreprise ou sa projection dans l’avenir. 

 

Il y a deux manières simples de voir la bourse et les dividendes, selon que l’on considère le passé de l’entreprise ou sa projection dans l’avenir.

Le sujet controversé des dividendes agite périodiquement l’opinion et révèle plus généralement une incompréhension générale de l’utilité du monde financier. Il est vrai que les économistes, comme hélas l’enseignement français, ne nous disent pas grand-chose d’éclairant à cet égard. Les premiers  s’efforcent  d’adapter les théories d’antan au monde d’aujourd’hui, en se contredisant d’ailleurs.

 

Quant à l’enseignement, mélange de jargon, de modèles  quantitatifs et de sociologie, son silence moralisateur sur les questions financières modernes est éloquent. Loin de toute complexité, il y a deux manières simples de voir par exemple la bourse et les dividendes, selon que l’on considère le passé de l’entreprise ou sa projection dans l’avenir. 

 

Comme les intérêts d’un prêt 

 

La première consiste à assimiler les dividendes aux intérêts d’un prêt consenti à un moment donné à l’entreprise. Un prêt d’un genre certes particulier, mais dont la structure est éclairante. 

 

A un moment donné donc, l’entreprise sollicite la bourse pour une émission d’actions. C’est le point de départ, ce qu’on appelle l’IPO, abréviation de Initial Public Offer, l’introduction en bourse. Concrètement, les actionnaires achètent les actions au prix fixé par l’entreprise, conseillée par des banques d’affaires. L’argent des premiers actionnaires est alors versé dans les caisses de l’entreprise.

 

On a donc bien le schéma d’une forme de prêt. Que certains des premiers actionnaires revendent leurs actions ne change rien à l’affaire. Tout se passe alors comme s’il y avait une substitution de prêteurs, alors que pour l’entreprise rien ne change. Incidemment d’ailleurs, ces observations détruisent l’idée selon laquelle un euro qui va en bourse serait un euro perdu pour l’économie. 

 

Dans cette perspective, les dividendes rémunèrent les « prêteurs », qu’ils soient de la première heure ou pas. On est donc bien dans une logique proche de celle du crédit. La différence non négligeable est que les dividendes ne sont pas obligatoires  et surtout ce sont les actionnaires eux-mêmes qui décident ou pas de leur versement, en fonction de leur … intérêt. 

 

C’est ici qu’intervient la notion de projection dans l’avenir. Il est rare qu’une entreprise en reste-là après son IPO. La tentation est grande de revenir en Bourse pour un nouvel appel aux actionnaires, et donc de faire une nouvelle émission d’actions. Et recevoir une nouvelle somme d’argent que l’entreprise pourra utiliser pour son développement, pour muscler sa R&D, la Recherche et Développement, recruter, créer des filiales, acquérir d’autres entreprises.  Le versement des dividendes relève alors d’une volonté de fidéliser les actionnaires de la première heure et d’en attirer de nouveaux. 

 

Le miracle de la bourse 

 

Le recours à la bourse présente surtout un avantage immense que ni les économistes ni l’enseignement ne soulignent : l’entreprise n’est pas obligée de rembourser l’argent reçu ! C’est un avantage considérable, même s’il y a des contraintes dont il faut tenir compte, dans le domaine par exemple du très sévère contrôle boursier. Un élément important à considérer par ailleurs, est celui du pouvoir dans l’entreprise, sachant que tout nouvel appel au marché aura un impact sur la structure de l’actionnariat. 

 

Il faut savoir que les investissements aujourd’hui nécessaires du fait de la mondialisation sont sans commune mesure avec ceux d’hier. Les avantages comparatifs  sont ainsi menacés de disparition s’ils ne sont pas développés.

 

Ces besoins d’investissements dépassent et de loin les capacités d’autofinancement des entreprises. Ils dépassent aussi les capacités des banques, en volume et en risque. Sur ce point, les ressources de la bourse sont illimitées ou presque, et surtout les risques de l’entreprise  qui investit ne sont plus supportés par l’entreprise elle-même et ses salariés, mais pour la presque totalité par les actionnaires. Le système bancaire et certaines institutions publiques sont ainsi préservées. 

 

Le retard de la finance européenne 

 

L’opinion publique n’a pas encore pris la mesure de l’importance qu’il y a à développer les marchés européens de capitaux. La domination économique de l’Europe par les Etats-Unis et la Chine repose en effet sur la puissance financière. 

Les efforts de la BCE pour nous renforcer dans ce sens ne suffiront pas en l’absence de l’adhésion des peuples.  Il faut pour cela corriger  l’approche négative de la finance qui s’est instaurée, en France notamment. Il y a urgence.  

 

Alain Lemasson

  

 

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06/11/2020
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