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l'austérité affaiblit l'économie

 

 

 


 

Résumé

A première vue, la notion d’austérité parait s’opposer à la notion de relance de l’économie, indispensable pour réduire le chômage.

Le problème est que la France s’est endettée pour financer ses déficits, et le niveau atteint représente une menace pour son indépendance.

En effet, la capacité d’emprunt française et le niveau des taux dépendent du bon vouloir des marchésLe bas niveau des taux d’intérêts qui a longtemps prévalu du fait de la politique de la banque centrale européenne et de la force de l’euro masque cette réalité. 

La relance est nécessaire pour lutter contre le chômage. Sa réduction durable repose sur les créations d’emplois dans les entreprises.

L'action volontariste de l'État sur ce plan peut prendre deux formes, appelées politique de l’offre ou politique de la demande. La politique de l’offre consiste à renforcer les capacités productives des entreprises par des mesures incitatives à l’investissement comme les allègements de charges ou de fiscalité. La politique de la demande consiste à augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs par diverses mesures incitatives. En pratique, les pouvoirs publics français combinent tous ces éléments.

L’austérité traduit la nécessité d’inscrire toute action de relance dans un objectif global de réduction de la dépense publique. Avec des résultats mitigés sur l’emploi et .. la hausse ininterrompue de l’endettement. La clé du succès est dans la restauration de la compétitivité des entreprises


 

1-   La réduction de la dette est prioritaire

La question de la dépense publique est essentielle en situation d'endettement élevé. Il faut considérer en effet que le budget français est "déjà" en déficit, de sorte que toute dépense supplémentaire ne peut être financée que par l'emprunt.

 

Un niveau élevé de dettes n'est pas tenable dans la durée car le paiement des intérêts représente une lourde charge. La situation exceptionnelle des taux négatifs en 2015-2016 ne s'applique qu'à une partie de la dette nouvelle. Outre le risque de taux, le risque de liquidité est également à prendre en compte. Derrière cette expression, il faut entendre le risque de ne plus trouver de prêteurs disposés à financer l'État français, même si aujourd'hui ce risque peut paraître théorique.

 

Endettement et dépendance des marchés

 

Il faut bien voir que les besoins français sont considérables. Le montant des nouveaux emprunts annuels doit être calculé en ajoutant au déficit de l'État - environ 70 milliards - le remboursement des emprunts arrivés à échéance. En clair, la France doit emprunter chaque année beaucoup plus que son déficit. 

 

La raison est dans la manière d'emprunter de la France, qui n'est pas celle que chacun connait dans la vie courante. Un emprunt immobilier, par exemple, est remboursé par mensualités constantes incorporant une partie "remboursement du capital" et une partie "intérêts".

 

La France emprunte traditionnellement par "petits morceaux", sur des durées variables de quelques mois à dix, quinze ou vingt ans et rembourse à la fin de chaque période. Comme elle n'a pas de ressources pour faire ces remboursements, elle émet de nouveaux emprunts pour rembourser les anciens ... et emprunte aussi pour payer les intérêts. L’effet boule neige s’amplifie chaque année.

 

Une fausse sécurité 

 

Depuis la création de l'euro, la France emprunte facilement, malgré l'augmentation constante de la dette. Ces emprunts, réalisés sous forme d'émissions d'obligations, sont souscrits semaine après semaine par les investisseurs. Les apparences peuvent être trompeuses. 

 

La dette française pose un problème de sécurité lié à l'incertitude sur le comportement des prêteurs, c'est à dire des marchés, dans l'avenir, un aspect de la réalité rarement évoqué. Il règne à ce sujet une sorte d'indifférence de l'opinion, une indifférence que l'État ne cherche pas à corriger car le thème de la dépendance ou d'une forme de dépendance de la France à l'égard des "marchés" est un thème sensible. 

 

Les prêteurs ont pour ainsi dire la main sur le robinet des crédits et le pouvoir de fixer les règles du jeu.


une grande partie de la dette est placée hors de France

 

La moitié environ de la dette française est souscrite en dehors de la France. Il y a une grande différence sur ce point avec le Japon, par exemple, dont la dette pourtant proportionnellement plus élevée, est plus sûre que celle de la France, car placée exclusivement auprès de prêteurs japonais, banques, assurances et fonds de pension.  En cas de difficultés aigues, on peut concevoir que le patriotisme japonais jouerait son rôle et que la continuité du financement de l'État serait assurée. Il faut ajouter  à cela un élément d'importance: l'absence de risque de de change du point de vue des prêteurs.  

 

l’effet protecteur de l’euro

 

Il faut bien voir que les taux très bas et parfois négatifs dont la France a profité sont la conséquence directe des mesures conjoncturelles de la BCE.

 

La facilité de la France à trouver des prêteurs est a conséquence directe de son appartenance à l’euro. La force et la stabilité de la devise européenne rassurent les investisseurs mais il y a surtout le sentiment que prêter à la France c’est en termes de risque comme prêter à l’Europe.  L’euro agit donc comme un bouclier protecteur pour la France.

 

En cas de sortie de l’euro, la perception du risque  « français » par les prêteurs changerait du tout au tout et se traduirait d’emblée par la hausse des taux d’intérêts.  La dévaluation inévitable du franc augmenterait mécaniquement le poids de la dette en cours et l’évolution incertaine du taux de change rendraient les prêteurs encore plus circonspects. 

 

 

2-   Politique de l’offre ou politique de la demande
Ce sont les entreprises qui créent des emplois et de la richesse.  L’action volontariste de l’État vise donc à aider ces dernières à développer leur activité. 

 

Plusieurs solutions sont possibles selon que l’État choisi d’aider directement les entreprises par des allègements de leurs coûts ou indirectement en aidant les clients des entreprises à consommer plus. 

 

 POLITIQUE DE L'OFFRE   

 

L'État aide directement les entreprises.     

 

Pour stimuler la demande globale de biens et de services en direction des entreprises, il y a une première méthode consistant à aider ces dernières à produire plus et moins cher. 

 

Cette aide vise à baisser le coût des charges et de  l'impôt  pesant sur leur  activité.

 

On peut s'interroger sur l'efficacité réelle de cette politique qui ne peut être mesurée que dans la durée. Toutes les entreprises ne traduisent pas immédiatement les allègements de charges et de fiscalité en investissements générateurs d'emplois nouveaux. 

 

Une partie de l'opinion peut aussi s'émouvoir des "cadeaux sans contrepartie" et ignorer complètement l'aspect positif des mesures. Il est certain que certaines entreprises peuvent profiter d'un effet d'aubaine, c'est-à-dire qu'elles avaient de toute façon prévu d'investir et qu'elles avaient les moyens de le faire. D'autres entreprises n'investissent pas immédiatement. 

 

La politique de l'offre doit s'accompagne d'un élément psychologique d'importance, la confiance des entreprises en l’avenir. 

 

Les expériences récentes des pays européens concernés ont ainsi toutes montré les effets positifs sur l'emploi de la politique de l'offre.

 

 

  POLITIQUE DE LA DEMANDE  

 

L'État augmente le pouvoir d'achat des consommateurs 

 

L'aide à l'activité des entreprises peut aussi s'exprimer  de manière indirecte. C'est le cas des mesures d'amélioration du pouvoir d'achat des consommateurs, mesures qui se traduisent en demande additionnelle de biens et de services, donc en un supplément d'activité pour les entreprises.

 

Techniquement, cette politique consiste à baisser la fiscalité directe sur les ménages, à relever les salaires des fonctionnaires et à augmenter le smic, sachant que toute hausse du smic induit une hausse générale des bas et moyens salaires.

 

Alternativement ou en complément, l'État peut choisir d'augmenter ses propres achats par le biais des commandes publiques, ciblées sur certains secteurs-clés comme le bâtiment et la construction.Cette politique, électoralement attractive et facile à mettre en oeuvre, présente l'inconvénient d'une moindre efficacité sur l'emploi que la précédente et entraîne surtout des effets secondaires négatifs.

 

Limites de la politique de la demande

 

La politique de la demande est moins efficace que la politique de l'offre car il y a des "fuites". L'aide financière aux "ménages" c'est-à-dire aux consommateurs ne parvient pas en totalité aux entreprises. 

 

En d'autres termes, un euro d'aide ne se traduit pas par un euro de chiffre d'affaires supplémentaire pour les entreprises. Il faut en effet tenir compte de l'épargne et des achats de produits étrangers.

 

Plus de 50% de l’aide fournie finance des importations de produits de consommation. La raison est soit l'incapacité des entreprises à faire face rapidement à une augmentation de la demande, soit la préférence des consommateurs pour des produits qui ne sont pas ou plus fabriqués en France.  

 

C'est le cas de nombreux produits électroniques, comme les ordinateurs et les téléphones ou l'équipement des foyers, c'est-à-dire la plupart des produits dits "noirs" ou "blancs". 

 

Plus généralement, l'ensemble des produits dits "grand public", y compris dans le domaine du textile, est concerné par le phénomène du "low cost" qui s'applique aux produits certes de moindre qualité mais bien moins chers car fabriqués dans des pays à faibles coûts.

 

Relance « keynesienne » 

 

Sur le plan historique, la politique de la demande, théorisée par Keynes dans les années 30, est à l'origine du New Deal de Roosevelt, une politique qui a permis le redressement économique des États-Unis après la grande crise. La politique de l'offre quant à elle repose sur les travaux d'économistes comme Say et Ricardo, et le meilleur exemple de son application se situe dans les années 1970 sous la présidence de Reagan. La relance dite keynésienne a encore ses adeptes aujourd'hui du fait de ses effets positifs pour la population. Il est toutefois reconnu que la mondialisation des échanges a considérablement réduit son efficacité économique.

 

3- Restaurer la compétitivité

En pratique l’État combine la politique de l’offre et la politique de la demande. Dépenser plus ou diminuer les recettes, aboutissent finalement au même résultat qui est d’augmenter le déficit donc la dette publique. Pour atténuer l’effet boule de neige de la dette, l’État s’efforce parallèlement de diminuer quelque peu les autres dépenses.

 

L’idée implicite est que cette nouvelle augmentation de la dette se justifie par de nouvelles dépenses productives qui permettront ensuite un désendettement plus rapide.
C'est oublier les multiples contraintes pesant sur ces choix: la charge croissante des intérêts de la dette, l'incertitude sur le comportement des marchés et l'engagement français dans la construction européenne.  

 

Les emplois publics sont une solution temporaire, socialement bienvenue en période de chômage intense et leur avantage est dans la rapidité de mise en place. C'est une caractéristique d'importance car la reprise des investissements donc de l'emploi dans les entreprises après une période de récession est un processus lent.

 

Ce processus ne peut être vertueux que s’il est ciblé prioritairement sur la restauration de la compétitivité des entreprises. Préserver, encourager, les capacités d’investissement des entreprises reste pour cela au coeur de la politique à moyen et long terme de l'État.  

 

 

 

 

 

 

 

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maj 01/2018



15/06/2018
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