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Le souverainisme

 

 

 

 

 

 

 

UNE  CHRONIQUE

d’Alain Lemasson

(Capital le 5 avril 2020) 

 

 

L’après-crise

 

Des voix s’élèvent déjà en France et ailleurs pour tracer la route de l’après-crise. Le procès de  la mondialisation  maintes et maintes fois entendu  pourrait prendre dès lors une ampleur inattendue. Le retour  à la souveraineté, présenté comme le remède absolu à cette mondialisation est un leurre.

C’est vrai que la souveraineté, sujet passionnel s’il en est, est présentée comme une et indivisible. Ailleurs en Europe, on appelle simplement et calmement subsidiarité ce qui chez nous porte le nom de perte de souveraineté. La subsidiarité, c’est par exemple constater que l’Europe est plus efficace pour  négocier avec la Chine ou les États-Unis, organiser le contrôle aérien et gérer une monnaie forte.

Certes, le monde ancien idéalisé a sacralisé cette notion en France, et plus récemment, l’action rédemptrice du Général de Gaulle au sortir de la guerre lui a donné ses lettres de noblesse.

Mais les temps ont changé, et il ne faut pas laisser la nostalgie altérer la vision du futur.

Le retour à la souveraineté signifierait le repli, la fermeture des frontières, et l’allocation étatique des ressources.  L’exemple trompeur d’un brexit soit-disant facile risque à cet égard de donner à certains l’idée d’une sortie tranquille de l’Europe et de l’euro. Hors de la protection de l’euro, le franc s’écroulerait car il serait alors exposé au déficit du commerce extérieur et ne bénéficierait pas, comme la livre anglaise, des flux positifs investis dans la City ou des exportations de pétrole écossais.

Les avantages de la mondialisation

Pour certains, la mondialisation représente la toute-puissance des marchés, la marche en avant incontrôlée des multinationales, la délocalisation de l’activité, la pollution.  

Nous lui devons pourtant des progrès sans précédents. Il est dorénavant possible à tous de voyager dans le monde entier et dans de nombreux domaines de consommation courante, habillement ou ameublement, ce sont des possibilités de choix jamais atteintes. Partout, le niveau et l’espérance de vie n’ont cessé de s’améliorer, grâce notamment à la recherche sue les médicaments qui s’est étendue au monde entier..

L’accès à internet,  gratuit ou presque, c’est l’accès égalitaire à la culture, le rêve humaniste et ce que sans doute la postérité retiendra. Sans parler naturellement des 400 millions de personnes sorties de la pauvreté dans le monde, selon l’ONU.

La révolution des marchés

Ces progrès sans précédents dans l’histoire de l’humanité ont été rendus possibles par l’ouverture simultanée des frontières du commerce et de l’argent. Cette double ouverture a entrainé une mise en concurrence accrue des entreprises, et elle a en même temps facilité l’accès à des  moyens de financement décuplés.

Partout, les dépenses toujours plus grandes de R&D ont dépassé les capacités d’autofinancement. Une startup, une PME ou une multinationale ne peuvent plus compter sur le seul financement bancaire pour se développer ou financer des acquisitions, du fait des montants et des risques en jeu.

La réponse aux besoins de financement, ce sont les marchés et principalement la bourse. La bourse décriée, caricaturée et dont on oublie la fonction simplissime, le recyclage de l’épargne mondiale dans les fonds propres des entreprises. Oui, certains spéculateurs jouent le court terme mais il faut bien voir la finalité du système. L’agitation quotidienne est la condition de l’accès des entreprises à une source de financement quasi illimitée. Le miracle de la bourse est que l’argent obtenu par l’entreprise est comme un prêt … sans obligation de remboursement, bien loin de la prétendue déconnexion des marchés de l’économie réelle.

La destruction créatrice

Il est vrai que la mondialisation a fait ressortir ce que les économistes appellent la destruction créatrice. Les faillites ont toujours existé et les créateurs d’entreprise le savent. Tous ont l’envie de gagner et ils en connaissent le prix comme le montre l’essor des startups. Certains font fortune, mais après quelles déceptions et quels échecs surmontés !

La mondialisation a accéléré le traitement des dommages collatéraux de la croissance par l’éducation, l’aide au chômage, l’effort de formation, la préoccupation écologique, tous éléments progressivement intégrés d’ailleurs dans la gestion des entreprises.

Plus globalement, en filigrane pourrait-on dire, c’est tout le rapport négatif à l’argent et à l’échec qui est appelé à évoluer.

Souveraineté et subsidiarité

Ce risque majeur de l’après-crise pose l’urgence d’une pédagogie appropriée.

Alain Lemasson

  

 

Voir la chronique sur le site de Capital (cliquer sur l'image) 

 

 

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06/11/2020
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