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Les Échos - 7 décembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

 Copie de l'article sur le site (les sous-titres et les mots soulignés sont de la rédaction des Echos)

 

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La prochaine présidentielle est en 2022, c'est demain. La vague populiste pourrait bien s'amplifier d'ici-là, et avec elle de graves menaces pour notre pays. On ne peut, pour s'en prémunir, attaquer de front le discours qui nourrit ce mouvement et nier les craintes de nos concitoyens à l'égard du numérique, de la finance, de l'immigration, de l'Europe et des élites. C'est plutôt en révélant les conséquences négatives des propositions populistes que l'on peut espérer réduire la séduction des harangues.

 

La priorité des priorités, c'est l'Europe, c'est l'euro, tous deux menacés d'abandon. Sortie de l'Europe, sortie de l'euro sont des concepts abstraits, alors que pourtant le chaos d'un probable brexit est d'ores et déjà reconnu comme inévitable par tous les Britanniques et largement médiatisé.

 

Pire encore, ce qui se passe en Italie, loin de susciter une inquiétude sur l'avenir de l'Europe, est perçu comme un banal bras de fer entre ce pays et la commission de Bruxelles. Sur un autre plan, les menaces de toute nature et à peine voilée des grandes puissances à l'égard de l'Europe, loin de déclencher un besoin légitime de défense collective, buttent sur une forme d'indifférence.

 

Absence de pédagogie

 

Nos concitoyens ont des excuses : comment comprendre en effet l'importance d'une Europe économiquement forte dans le monde, comment comprendre le rôle protecteur de l'euro, son statut de monnaie de réserve, le lien entre déficit, endettement et cours de la monnaie en l'absence d'un minimum d'éducation sur ces sujets ? Comment savoir que le taux de change dépend de moins en moins des Etats et de plus en plus des marchés... si cela n'a pas été expliqué auparavant ?

 

L'enseignement de l'économie au lycée ignore ces sujets. Pire, il donne de l'entreprise et des institutions qui la financent une vision incomplète, pour ne pas dire négative. Il faut admettre que l'association de l'économie et de la sociologie a échoué dans sa mission éducative, car l'explication de ce qui est débouche très vite, trop vite, sur son analyse critique. On peut douter de la capacité d'un jeune élève de 17 ou 18 ans à mélanger l'effort d'assimilation, le recul et le jugement.

 

Il faut saluer à cet égard la volonté gouvernementale de rénover cet enseignement. Mais il est hélas à craindre que le travail en cours ne produise de réels effets que bien trop tard.

 

Un module Europe-euro

 

Comment dès lors enseigner que la sortie de l'Europe et de l'Euro serait désastreuse pour notre pays, pour sa survie dans le monde des blocs, et qui doit le faire ? La réponse est peut-être dans la réunion de plusieurs moyens d'éducation et d'information.

 

Il n'est sans doute pas trop tard pour incorporer un module Europe-euro dans le nouveau programme d'économie au lycée. On pourrait associer aussi le supérieur, et notamment les grandes écoles, toutes catégories confondues. Prévoir des cours, et à défaut, des cycles de conférences ad hoc.

 

Quelle pédagogie adopter ? Les idées ne manquent pas, et pour commencer, l'analyse factuelle des problèmes concrets, économiques et commerciaux posés par le brexit. On pourrait présenter les problématiques de financement des start-ups et parler du travail en cours sur l'union bancaire et le marché européen des capitaux.

 

Ces quelques sujets, que l'actualité nourrit quasi quotidiennement, seraient accompagnés d'exposés sur la disparition du pouvoir de dévaluation, la complémentarité des banques et des marchés, la géopolitique des monnaies. De quoi peut-être détourner de nombreux esprits de l'illusion populiste.

 

Alain Lemasson , ancien banquier, est fondateur d'Infofi 2000.

 

  

 

 

 

 

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07/12/2018
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